Les excavateurs de l’extrême et activistes sonores contre l’oubli Numéro Group – label américain spécialisé dans la réédition de raretés – ont annoncé, parmi les innombrables disques à venir, la sortie prochaine de Disco Jazz, voyage psychédélique et solaire en quatre titres à travers les années 80 : la disco, le jazz, l’Inde, la lumière et son interprète, Rupa.

Ne vous fiez pas à ce qu’indique Spotify© : des artistes ayant comme nom Rupa, il y en a quelques unes. Mais une seule attire notre attention aujourd’hui : Rupa Biswas. Chanteuse, sa seule et unique sortie est celle-ci, Disco Jazz. Et c’est, à ce jour, la seule information sur sa carrière, ou même sa vie : il s’agit de la seule trace que nous ayons d’elle, tout simplement.

Enregistré en 1982 à Calgary au Canada, aux Living Room Studios plus précisément, cet album est le fruit de la collaboration entre une équipe de musiciens canadiens et indiens – dont le célèbre Aashish Khan, virtuose du sarod, guitare traditionnelle à cinq cordes, utilisée dans la musique folklorique indienne. Qu’un musicien aussi prolifique, utilisant un instrument aussi marqué et traditionnel, soit présent aux crédits d’un album de disco a fini de combler notre intérêt.

De quoi s’agit-il, exactement ? De jazz, de disco, de rock aussi, de psychédélisme, de Bollywood (un peu). Le tout mixé façon fièvre du samedi soir – mais un peu bancal, fou, bordélique même.

L’ouverture Moja Bhari Moja, avec sa ligne de basse et ses riffs irrésistibles, nous as déjà séduit avant même l’entrée de Rupa et de ses vocaux : c’est parti pour huit minutes (et encore, c’est court) de groove trippant et joyeusement cosmique, de jeux de claviers psyché et d’échos. La suite joue la carte du rapprochement des genres – et des continents – avec un jam funk/jazzy de tous les diables, East West Shuffle. Un groove indécent, qui rappelle les plus belles heures de Kool & The Gang façon Raspoutine, mais ici mâtiné de sador, avant le véritable tube, le dancefloor-killer que tout disque recherche désespérément, Aaj Shanibar. Imaginez pour un court instant les baléares s’inviter à Bollywood : une plage, un coucher de soleil, des guitares légères, un beat tout en légèreté et surtout, la voix de Rupa qui nous emporte loin, loin. Huit minutes qui passent comme deux, qui glissent sur notre peau, entrecoupées de solo de guitare et de sitar en même temps.

La face B, plus instrumentale, se compose d’un seul track, Ayee Morshume Be-Reham Duniya qui regroupe tous les éléments entendus plus tôt, mais en encore plus long et cosmique. Un voyage dont on ne dira pas que l’on sort changé, non, mais plutôt éclairé : je sais absolument ce que je vais écouter cet été, durant ces levers de soleil dont on ne sait plus très bien s’ils sont réels ou rêvés.

Disco Jazz est disponible via Numéro Group.