Roses are red, violets are blue. Rose Bonica semble avoir retenu ce bout de poème élémentaire dans un coin de sa tête puisqu’elle s’en est servi pour nommer son label. Cette artiste sud-africaine s’est déjà faite remarquer par Machine Woman, qui l’a invitée à son show sur Rinse l’année dernière. En cinq ans, Bonica a réussi à se forger un univers personnel en composant avec les sons percutants de la future bass, les échos industriels d’une techno en voie de disparition, et une poésie vénusienne héritée de Bjork.
Bonica sort des projets sans arrêt, d’abord en cherchant à combler le vide d’une rupture amoureuse, puis pour redévelopper sa créativité laissée sur le bas-côté à cause de son travail à temps plein dans l’informatique. Son récent album Tears For The Tea Maker dévoile un portrait très intime : après la rage et le sentiment d’abandon impulsif de ses premières productions, elle reprend le contrôle de ses émotions, tente de les canaliser. Sa vulnérabilité se transforme en une tristesse sage, qui touche au plus profond. Le titre clippé I’m Sorry I Forgot What I Said en est un parfait exemple.
Les connexions fortes entre la scène électronique sud-africaine et la scène UK mènent Bonica à rencontrer la productrice Jamz Supernova lors d’un voyage de cette dernière à Cape Town, pour son travail à la BBC 1. Elle lui propose alors de participer à une série dédiée à la musique club pour son label Future Bounce. Aux côtés de UniiQ3 & KG, DJ Tess, Wheel Up et d’autres, Rosa Bonica répond à l’appel de la machine à fumée.
Le résultat Send Forgiveness / Disengage est un duo efficace de basses lourdes et saturées. La voix de Rose nous guide vers l’abandon, le lâcher prise du corps dans un lieu où la fête bat son plein. Quelques échappées versatiles au son du MicroKorg XL créent une touche industrielle propre au style de la productrice. Au centre des morceaux, on découvre le son chaud des percussions et une cadence polyrythmique ajustée, parfois entrecoupée de ralentissements du pitch ou d’un filtre. En cela, Send Forgiveness / Disengage cherche à proposer un mélange singulier : celui d’une synthèse sonore des musiques clubs anglaise et sud-africaine, incorporées l’une dans l’autre.