L’intro du dernier album de POW! est le sixième morceau du projet. La petite équipe aime à nous prendre à revers, et alors que les clones de groupes à synthé new wave ou EBM ne cessent de se multiplier, le duo californien réussit à tirer son épingle du jeu. C’est en ornant sa Synth-Punk de mille détails bien personnels qu’ils nous livrent un ovni sonore punk et moderne. Signé sur le pointu label Castle Face Records (comme Ty Segall ou Useless Eaters, pour ne citer qu’eux), le groupe pioche des bonnes idées un peu partout et se les approprie avec brio.

Une tournée avec Thee Oh Sees et la participation à des festivals de musiques psychédéliques auront forcément laissé des traces sur l’identité sonore de POW!. Les riffs saccadés du punk traditionnel sont ici soulignés par des synthés aux drones vrombissants. La voix féminine de Melissa Blue contrebalance habilement le chant nasillard et saturé au possible de Byron Blum, en y apportant une touche de légèreté rafraichissante. Contrairement à tant d’autres, le duo ne se cache pas dans une ambiance sombre et cynique. Au contraire, le ton est joyeux, aussi lumineux que les grands espaces californiens.

Comme leur camarade de label Ty Segall, POW! ne se laisse pas embêter par les fantômes du passé. Les synthés sont modernes, la batterie est claire et les patterns connus ne sont présents que pour mettre en valeur le jeu constant sur les tonalités basses. Sur leur dernier album Crack an Egg, sorti le 10 février, les textes nous préviennent de l’imminence d’une cyberattaque et nous incite à la rébellion.

Tout au long de l’album, on s’inscrit dans une urgence permanente, typique de notre époque, avec une ode à l’humanité (et au craquage d’œuf). Byron Blum nous presse à prendre un appel important ou à secouer le système, quitte à n’en changer que la couleur. Pourtant, Crack An Egg ne nous laisse jamais sur le bord de la route et prend le temps de nous immerger dans une soirée de San Francisco.