Windows 95, you’re long gone but I’m still alive.” Le ton est donné. Premier single de son sixième album, “1995” est une ballade nostalgique tant dans ses sons que son atmosphère, surlaquelle Molly Nilsson nous démontre toute l’étendue de sa verve retro. Jusqu’à déplorer l’obsoléscence du regretté système Microsoft.

Mais si c’est l’année 95 qu’elle évoque ici avec nostalgie, ses sonorités synthpop s’adressent elles à une autre décennie, les années 80. Avec ses airs de Laura Palmer passée du côté obscur, la suédoise construit depuis 2007 un univers pop-indus mélancolique via son label Dark Skies Association – dont le nom en dit long sur le contenu.

Sans compromis vers des productions plus bankables, Nilsson drague la noirceur des bas-fonds, la déprime de fin de soirée, le dernier instant d’extase avant la redescente.

La comparaison évidente avec Nico reste l’une des attaches à laquelle on relie son spleen. Et la différence ? Le côté purement industriel de ses productions, qui à ce stade ne flirtent plus avec les synthés mais ne font qu’un avec eux. Mais aussi, quelque chose de Tennessee des villes où elle a vécu et de ses expériences, qui marquent ses chansons de cette nostalgie débordante du ‘mieux avant‘.

Expatriée à Berlin qu’elle quitte en 2014 pour Buenos Aires, Nilsson nous livre quelques traces de ces séjours dans ses chansons : la chanson ‘Meanwhile in Berlin‘ sur son album Follow The Light, et un maxi retraçant son expérience sud-américaine, Sólo Paraíso. Mais surtout, l’influence natale d’une autre suédoise : Karin Dreijer Andersson, aka Fever Ray et moitié de The Knife.

Une équation qui ne s’épuise pas au fil des albums. Les vidéos restent DIY et crées par Nilsson elle-même, comme à peu près tout ce qui tourne autour de sa musique : les concerts, les artworks, le label. Un succès 100% autogéré qui lui vaut aujourd’hui une communauté de fidèles mince, mais solide.

L’album Zenith vient juste de sortir : on y explore la même recette de synthpop nostalgique d’elle-même, des années passées et de celles à venir. Et pour ceux qui chercheraient à savoir le pourquoi de la mélancolie constante de Nilsson, elle vous le donne en mille dans ‘1995′ : “So what’s wrong with living in the past ? It just happens to be the place I saw you last.”