Trois longues années après son stratosphérique tube Final Credits, Midland est de retour à la production. Et c’est à la fois sans surprise et avec que l’on découvre ce nouvel EP : radicalement différent du précédent, à mille lieux de cette house discoïsante qui l’a conduit au sommet – comme on pouvait s’y attendre tant il se sentait piégé par ce tube. Et totalement inattendu, tant il se ballade dans des contrées nouvelles – break, downtempo, tout en collages et coupures – qui lui réussissent à merveille. 

Comment se détacher d’un tube, aussi bon qu’il puisse être ? Comment surprendre et satisfaire son auditoire quand la seule chose qu’on ne veut plus entendre est justement ce que le public demande sans cesse ? Midland, contre toute attente, a été – et est toujours dans ces questionnements. Non pas que le producteur anglais n’a pas mérité sa renommée, loin de là. Mais même lui ne s’imaginait pas aux prises avec un tube qui le dépasse totalement. On l’a vu, dans un documentaire réalisé par RA, en proie à ce genre de doute : est-ce que l’on devient un DJ rincé lorsque l’on tente de simplement faire plaisir à la foule et que l’on joue ce tube ? Ou est-ce que l’on devient snob lorsque l’on ne le joue pas ? 

C’est, on l’imagine, avec tout ceci en tête qu’il a dû se lancer dans l’écriture des titres suivants. ET le moins que l’on puisse dire, c’est qu’il est parti dans une direction radicalement différente – pour le meilleur. Le premier titre éponyme, The Alchemy Of Circumstance, pourrait être une sorte de manifeste : collages, breaks, coupures, ruptures de rythme, Midland ne nous épargne rien et nous envoie dans un tournoiement de volutes aux teintes acides et psychédéliques. 

Frequency FM, le titre suivant, ne suit en rien cette ligne uptempo et torturée. Le BPM est calé à 90, on s’aventure dans une sorte de mi-chemin entre du 8-bit et des réminiscences jungle. Aventureux voir presque audacieux, ce titre est pour nous le meilleur de l’EP tant il s’évertue à brouiller les pistes. « Play It as It Lays » en pur DJ-tool, apparait plus convenu à côté du reste, et notamment la conclusion Tortuga, flottante & nébuleuse, sans beat mais tout en tension. 

Si l’on ne peut que spéculer sur les motivations et la fabrication de cet EP, on peut s’aventurer à imaginer un processus de création empirique, intuitif, laissant une large place aux accidents, aux erreurs même. Une alchimie qui lui réussit très bien. 

The Alchemy of Circumstance est en écoute sur Bandcamp.