Si le jardin d’Eden avait une playlist, ce serait certainement Balabushka. Dans ce nouvel EP, Mad Rey explore les profondeurs de ses songes, il tente de retranscrire l’éventail des rêves, du plus doux au plus noir, en passant par l’érotique. Il s’inspire de l’univers de Klimt, dont il détourne le baiser sur sa couverture, en changeant les personnages et en rajoutant le décor glauque d’une épicerie clandestine.

Le premier track fait l’objet du monologue désespéré d’une fille qui se pose des questions sur l’au-delà, sujet massivement repris dans certaines séries Netflix comme The OA ou Stranger Things. La vie après la mort fascine, elle interroge. On retrouve dans la plupart des fictions un personnage qui nous montre le chemin, nous guide à travers le cosmos. Mad Rey aimerait personnaliser le passeur, il va donc lui donner un nom : « Yeah, It’s a Balabushka ».

La Cloud House fonctionne toujours à merveille. Sur les traces de Mall Grab, Mad Rey prend divinement le relais nuageux. Dreamz offre une dub implosive, à la cadence calibrée, comme chorégraphiée. La phase B change de registre, on se faufile dans une ambiance tropicale, à la découverte de la jungle de Bornéo. La faune s’invite elle aussi à ce paysage abondant, on tend l’oreille et le swing de bruits animaliers se fait entendre. Les deux éco-systèmes s’entrelacent et jouent un double jeu enivrant.

Balabushka refait son apparition pour une danse effrénée. « Go next to me » l’homme flirte avec nous, se déhanche au son d’une funk masterisée. « Rescue me » tous les arguments sont bons pour rejoindre le Balabushka endiablé.

Les jambes fatiguent, le tempo du controler ralentit, une pause deep se mérite. L’évasion est à présent introvertie, les notes de clavier balancent un tempo léger pour nous garder en éveil lors de ce Minnesota Fats. Le prochain titre Nthng emporte notre esprit dans un autre univers, une dream house qui tend vers l’incantation iana yoga, voire le chant d’envoûtement.

Retour aux extraits de films et de tapes, la voix de fille à l’humeur vengeresse prend le contrôle de Comme un battement de sexe. Le funk est découpé, les basses sont saccadées en morceaux, comme un puzzle à recomposer.  Des samples improbables se superposent : tir de jeu vidéo, bruit de contentement, et la voix qui domine le morceau. La track n’a aucun équilibre, on ne sait pas sur quel pied danser. Mad Rey nous dévoile enfin l’identité du Balabushka, un être torturé, sur un titre plus classique de house filtrée : « I’m not sure I can manage, I’m so conflicted ». L’outro retourne au rêve érotique, l’atmosphère est sensuelle et le sauna prêt à l’emploi.

Mad Rey dévoile dans ce double EP ses différentes facettes : celui de l’artiste complet qui n’hésite pas à mélanger extraits de film et musique, le générateur de House filtrée, héritage de son EP Quartier Sex qui l’a fait connaître, le joueur, coquin membre du DKO Records clan qui stimule les sens ainsi qu’un visage plus sombre et mélancolique, philosophe des désirs et de leurs effets nocifs.