Le producteur et artiste multidisciplinaire Jumo est de retour avec un nouvel EP chez Nowadays Records (Douchka, La Fine Equipe, Clément Bazin…), dans lequel il dépasse les habitudes qu’on lui connaissait pour s’immiscer vers de nouveaux horizons.

En 2014, Jumo commence à se faire connaître avec un 1er EP Hylé chez Yunizon Records. Membre du collectif Cela au sein duquel il exerce ses talents de musicien, dessinateur et graphiste en duo avec l’illustratrice Nina Guy, Jumo cultive un style à base de voix déformées, d’arpèges mélodieux et de montées enivrantes. Mais il décolle véritablement lorsqu’il rejoint le crew Nowadays, qui lui permettra d’exprimer pleinement son imaginaire.

L’année dernière, nous découvrions l’enthousiasmant Nomade, un EP riche et très finement ciselé malgré quelques approximations. Un an plus tard, après de nombreuses dates et quelques passages en studio, le revoilà avec Dérive, un projet à travers lequel il mixe electronica, musique minimaliste et future beat avec une grande maturité. En février dernier, il dévoilait deux nouveaux titres dans une sorte de mini-EP baptisé Etape, prémices de son nouveau virage artistique.

Aujourd’hui, il déroule en sept titres ces nouveaux paysages sonores, dans lesquels il délaisse ses fameuses gimmicks sur les voix et s’entiche de nouveaux contrastes. En témoignent ses mots à propos de cet EP : « J’ai pas mal travaillé avec une base piano sur plusieurs morceaux (Dérive, Huit Jours, Bleu) c’est une démarche assez différente, j’ai été très inspiré par la musique contemporaine de Steve Reich ou Philip Glass ».

Si on recroise certaines de ses habitudes de création sur les très entêtants Huit Jours et Bleu, Jumo dévoile de nouvelles contrées de son univers musical. Il travaille sur quelques épopées pop avec les voix de Holy Oysters sur Bloom et VedeTT sur Je Le Savais (en français dans le texte). Avec une architecture proche de son précédent EP, on retrouve ici le même nombre de mélodies, avec en point culminant le titre Dérive qui s’étire sur plus de sept minutes, avec des mouvements pianistiques mêlés à l’énergie d’une electronica aérienne.

Au final, les rythmiques et les harmonies de la future beat s’amenuisent au profit de nouvelles idées qui s’intègrent facilement à l’identité musicale qu’il construit depuis une poignée d’années. Dérive crée un dialogue riche entre des bases de piano et un flot électronique où se mélangent des textures légèrement abstraites et des harmonies d’une grande force. Encore si jeune, l’œuvre de Jumo semble déjà porteuse d’une émotion et d’une humanité développée.