Peut-on subir un trop plein d’énergie, d’émotions fortes, d’amour ? De chevauchées métalliques à travers l’espace et le temps ? De montagnes russes synthétiques, de notes criardes et de mélodies entêtantes ? À la première question, la réponse est oui, forcément. Aux deux autres, la réponse est formellement non : impossible d’arriver à saturation d’un genre musical parfaitement kitsch depuis 40 ans, l’italo.

Cette compilation nous le prouve en douze titres : l’italo ou italo-disco, ou spaghetti-disco pour les moins Charlie, c’est un genre qui touche au sublime, justement parce qu’il est caricatural et excessif. Il nous fait nous sentir vivant, nous donner envie de pleurer au beau milieu de la piste. Surtout, il revient sur le devant de la scène à intervalles réguliers, comme des vagues successives de cavalcades érotico-synthétiques qui emportent tout sur leur passage.

Que trouve-t-on dans cette compilation du bien nommé label Slow Motion Records ? Une « Italian Dance Wave » qui réunit douze titres d’artistes italiens, répartis autour du globe. Autant de variations électroniques d’un genre qui en a enfanté d’autres – au rang duquel l’EBM, l’électro-clash et toute la disco obscure, froide, râpeuse, qui se retrouvent sur un même disque. Une compilation « mammouth », comme on nous annonce.

Il ne s’agit donc pas totalement d’italo mais de ses ramifications, ses enfants en quelque sorte : comment vont-ils en 2020 ? Plutôt bien, merci pour eux. En ligne droite avec les plus belles heures 80’s, on trouve tout d’abord le Circo Mulliebre d’Italoscillazioni ; synthés dehors, saturation, excès, voix italiennes, on est bon. Autour de ce titre, une ribambelle d’essais option EBM très, très ralenti – Good Days de Brioski, Parabolica de Johnny Paguro ou encore le Stick de Son & Stepson. Signe que la vitesse n’est plus totalement reine sur les dancefloors, du moins dès que l’on touche à des réminiscences italo ou new-wave.

D’autres décollent carrément et lâchent les chiens – au hasard, l’ouverture acidesque et terrifiante d’Altieri, Ghost in the Hell, d’autres convoquent la mémoire d’un Afrika Bambaataa et de ses beats saccadés (Middle First, de Daniel Monaco). D’autres enfin ne choisissent pas : disco, synth-wave, tout se concasse à grande ou petite vitesse dans un vaisseau spatial rutilant. Seule respiration, le plutôt doux Nebula de New Digital Fidelity. Sauf qu’on ne veut pas respirer : on veut danser sans cesser, en écoutant tout l’arbre généalogique d’une musique qui sait nous parler au plus profond. On veut vivre et danser, l’italo et sa descendance sont là pour nous servir.