Ils avaient la lourde tâche de précéder New Order sur les premières dates de leur tournée européenne. Et c’est peu dire que l’ovni Hot Vestry s’est affranchi de toute forme de pression. Les quatre anglais transcendent les genres : ils assombrissent la pop et subliment une mouvance coldwave en perdition.

Le batteur qui allie pads et batterie classique est un monstre de régularité, qui n’est pas sans rappeler Stephen Morris à ses débuts avec New Order. Meilleur qu’une boîte à rythme, il s’impose comme le pilier de la frénésie ambiante. L’influence de Joy Division et consorts est d’ailleurs observable à bien des égards, que ce soit au son de leurs guitares distordues ou des lignes de basse grésillantes. En tout état de cause, le groupe laisse difficilement indifférent.

 

Le groupe de Macclesfield (tiens, tiens) est évidemment fortement emprunt du style de ses prédécesseurs, mais il serait trop réducteur de les ranger aux côtés de toute cette scène cold en mal de leader et de renouvellement. Les rythmiques exaltés et les guitares spatiales ne seraient rien sans l’euphonie des vocalises du chanteur, aussi à l’aise en voix de tête qu’en sombres élocutions.

Fort de cet ensemble extrêmement mélodieux, bien aidé par des synthétiseurs glaçant, Hot Vestry excelle sans jamais trop en faire. S’efforçant de mêler des harmonies pops avec des arrangements plus obscurs, au sein de chansons incroyablement magnétiques.

Après avoir enchaîné les premières parties (outre New Order, Young Father et Superfood), nul doute qu’Hot Vestry devrait poursuivre sa révolution à une plus grande échelle, ajustée à sa dimension. “La pop, c’est tout et son contraire”, et si le quatuor accepte volontiers le terme pour se décrire, c’est afin de mieux l’embellir avec l’appellation Bleichpop (“pop pâle”). Une énième étiquette, à surveiller de très près.