Révélé durant l’édition 2014 du festival SXSW, le duo Ho99o9 est devenu très rapidement l’une des formations les plus en vue du hip-hop alternatif américain. Artisans d’un punk-rap mêlé de beats hip-hop agressifs, The OGM et Eaddy, les deux MC’s du groupe, débutent leur conquête de l’Occident avec leur premier album, le spectaculaire et irrégulier United States of Horror.
Originaires du New Jersey, les deux artistes cultivent depuis les débuts de leur projet un son horrorcore où le punk et le hip-hop s’entrelacent dans un joyeux chaos. En 2014, ils débarquent à Los Angeles et produisent leur première mixtape qui paraîtra l’année suivante, Dead Bodies In The Lake. Le disque fera son petit effet chez les amateurs et la critique, rappelant la démarche des célèbres et célébrés Death Grips, notamment par leur volonté d’accrocher deux styles qui semblent musicalement antinomiques mais qui s’accommodent finalement très bien. Faiseur de scandales en série, dans les salles de concert, certains festivals et même avec des sponsors, le duo refuse de se laisser cadrer par le système qu’il s’amuse à dynamiter au fil des performances scéniques.
Sous forme de créature monstrueuse et difforme, cet album est un véritable raz-de-marée, avec ses rythmiques tranchantes et ses harmonies tonitruantes. The OGM balance un flow lourd et corrosif pendant que son homologue, Eaddy, semble exécuter des séries de crochets et d’uppercuts sur les mélodies. On s’enivre de la prose sous haute-tension de morceaux comme War is Hell, avant de se laisser emporter par l’ultra-violence techno de Face Tatt.
Des fantômes de la période Big Beat semblent également de la partie avec Kunckle Up, une relecture en bonne et due forme de Prodigy. On se laisse encercler par les basses maniaques de Splash ou Moneymachine, avant d’aller faire un tour sur la trap paranoïaque du terrifiant Hydrolics. Et les amateurs de metal auront même leur dose avec New Jersey Devil et ses guitares enragées.
On ressort quasiment lessivé de cet album tant l’ensemble est à la fois addictif et oppressant. Le choc se fait brûlant, conscient et radical. Les effets noise sont disséminés à petite dose, les expérimentations ne sont jamais gratuites ni même la volonté première du projet, qui cherche avant tout à heurter les esprits. Sur les 17 titres, quelques passages sont moins marquants malgré des atmosphères très diverses du début à la fin. Les prods sont courtes, évitant l’asphyxie de l’auditeur. Bref, United States of Horror est une arme de poing limée avec la rage au ventre, une armada sonore qui va exploser avec efficacité les scènes sur lesquelles il retentira. Âmes sensibles s’abstenir.