Après une flopée d’EPs (quelques uns étant en téléchargement gratuit sur leur bandcamp), Girl Band vient de sortir son premier album “Holding Hands With Jamie”, chez le très respectable – et respecté – label anglais Rough Trade.

Alors c’est vrai : les quatre irlandais sont partout. Dans les journaux, sur internet, en festival… Dès lors qu’on s’intéresse au rock, impossible de passer à coté de la nouvelle coqueluche des médias. Pourquoi donc écrire un article sur ce groupe, à propos duquel tout semble avoir été dit ? Tout simplement parce qu’il fait partie de ceux qu’il ne faut sous aucun prétexte manquer. Ah, et la formation a appelé un de ses EP “France 98”. Difficile en conséquence de ne pas ressentir une certaine sympathie pour eux.

Un début d’histoire des plus classiques : des amis d’enfance qui, pour tuer le temps, décident de monter un groupe de rock. Achat d’instruments, répétitions le week-end, premiers concerts, l’enchainement banal. Puis une fan des Wombats dit un jour aux quatre garçons que Girl Band est un des noms les plus pourris de la planète rock. Hilares, les jeunes dublinois n’hésitent pas et adoptent définitivement le patronyme, par esprit de contradiction. Une longue période de dépression et de pages blanches plus tard, le chanteur Dara Kiely se met à écrire des textes emprunts d’ironie. Citant comme exemple une fameuse scène des Sopranos – un enterrement pendant lequel les personnages se font des blagues – Dara Kiely convoque l’humour pour dédramatiser le réel.

Mais le plus important, le plus frappant chez Girl Band reste évidemment la musique. Quel qualificatif y apposer ? Les médias cherchent en vain. Parce que ces chansons ne ressemblent à rien de ce que l’on a pu entendre auparavant, on leur invente de nouveaux genres : free rock, post- goth, néo-grunge… Bien entendu, quelques influences peuvent être relevées chez les irlandais : The Birthday Party, Captain Beefheart, The Fall, entre autres. Les structures, elles, sont empruntées à la musique électronique, techno minimale en tête. Le titre “Why They Hide Their Bodies Under My Garage” semble être une illustration parfaite de cette dernière influence. Inutile néanmoins d’essayer de les mettre en case. Le jeune groupe propose un son neuf, totalement désinhibé, que certains peinent à trouver audible.

Fracas de guitares distordues, beats de batterie torturés, basse répétitive, et puis une voix. Celle de Kiely, qui fait toute la particularité de Girl Band. Chanteur de génie ou cancre vocal, qu’importe. C’est peu dire que ce dernier ne laisse pas indifférent. Surnageant au-dessus de la cacophonie instrumentale, le jeune homme balance ses paroles de manière dissonante, criant parfois jusqu’à s’en briser la voix.

Écouter Girl Band, c’est donc se plonger dans un chaos entêtant, dérangeant parfois. Comme une invitation à la spontanéité, les irlandais hurlent, tabassent leurs cymbales, griffent leurs cordes, écrabouillent leurs pédales de distorsion. Salvatrices, leurs chansons sont de véritables exutoires pour l’auditeur, tant le feeling est ici de mise. Rien ne semble contrôlé, seule prime en fait l’envie de s’exprimer. Et c’est cela même qui rend le groupe si fascinant.