Les longs disques instrumentaux se font de plus en plus rares. Exceptés dans certains genres électroniques, qui ne jurent pratiquement que par cela. Bien loin de ces considérations, Ojard propose avec son premier album Euphonie une véritable échappée céleste.
Déjà auteur d’un premier EP intitulé Les Machines Parlantes, Ojard accomplit avec ce nouveau disque une jolie prouesse. Leurré par des titres qui fleurent bon la variété française, l’auditeur s’aventure dans un univers paradisiaque. Plus que des machines ou des voix, ce sont ici les instruments qui s’expriment.
C’est suffisamment rare pour être noté : ici les machines au pouvoir sont essentiellement des instruments acoustiques. En effet, si les habituels synthétiseurs et rythmiques électroniques sont au rendez-vous, la part belle est faite aux guitares, aux percussions et aux instruments à vents. Le superbe Phonogénie illustre à merveille ce pari réussi. Ne manquent finalement que des illustrations vidéo à cet ensemble.
Euphonie : la parole est aux instruments
Au même titre que le saxophone, la flûte traversière multiplie les apparitions divines sur des morceaux comme Sans craindre le vent et le vertige. Oscillant entre musique de film et symphonie acoustique, Ojard réussit à replacer les instruments au cœur de la musique.
Bien plus éloquent que les paroles, les mélodies oniriques d’Euphonie rendent hommage au titre de l’album. Le poids des mots trouve ici un rival de taille, tant la musicalité efface l’absence de chant. La poésie trouve ici un nouveau relief, et le silence sa partition.
Avec des arrangements qui frôlent la perfection, Ojard signe sa plus belle œuvre à ce jour. Sa richesse et sa variété en font même l’une des plus enthousiasmantes de cette fin d’année. À l’image des Coursiers de l’exil, à la rythmique bossa nova, le musicien démontre l’étendue de son talent, qui ne semble pas connaître de limites d’influences. Pas même le ciel, qu’il apprivoise comme personne dans cette hymne à l’élévation.