Neuf ans après Da Trak Genious, le beatmaker de Chicago signe à nouveau sur Planet Mu, et est prêt à en découdre de nouveau avec le footwork. Rétroviseur et typo tribale sur la pochette, il s’est approprié les codes visuels du genre. Take Off Mode est une source inépuisable de rythmes à composer, une mine d’or pour les amoureux du scratch.

Boucles entêtantes de voix qui deviennent le rythme même du morceau, DJ Nate a trouvé son filon, et ce dès le premier morceau, bring your best crack. Chaque phrase est composée comme un kick ou un snare pour donner une cadence, et ça marche.

Ain’t ready to battle et Getting Right Hoe reprennent la même formule, mais en plus light, avec une mélodie bien angoissante à la Shut Down, des bruits de vitres cassées pour attirer la bagarre, qui se lance à la fin du morceau. Simple, efficace.

DJ Nate sait aussi faire dans le romantique. Dans Come Back et Just be Truu la voix est ralentie, adoucie, le rythme se fait housy. On se prend un joli « i love you just the way you are » pendant quatre minutes, et ça fait du bien. On retrouve aussi cette voix douce dans Go Krazy, où les passages instrumentaux sont en revanche plus denses.

On dirait que DJ Nate s’amuse beaucoup avec les tonalités et les vitesses. Imprévisible, il peut décider de changer le rythme d’une seconde à l’autre, et c’est ce qui fait entre autres le charme des titres Oh woooaaah ou Fuck Dat.

Une influence R&B vient s’insérer sur Aww Baby What U Waitn et Talk 2 me, où l’on observe le dialogue chanté de drague classique, même si raccourci, d’un Usher ou d’un Ludacris. Comme quoi, il suffit parfois d’une seule phrase pour se faire comprendre.

On note aussi la petite track dédicace à son label Planet Mu, qui lui a fait confiance il y a neuf ans, découvrant au grand jour son talent. C’est assez rare pour être mentionné, DJ. Nate rend hommage et signe d’une voix son come back.

Le bouquet final de La Happy Day reprend des voix d’un classique de gospel « Happy Day » en mode trip psychédélique dans la nef. Les chants gospel ont certainement été d’une grande inspiration pour cet album, qui reprend les codes des voix et des répétitions de messages concis, martelant une idéologie dans la tête des gens.

À la fin de l’écoute, on devient presque schizophrène tellement les voix se démultiplient. C’est la force de DJ Nate, toujours en quête d’une tonalité, d’une émotion à délivrer, amplifiée par l’ordinateur et ses effets. Et si tout ceci amorçait le mariage de l’homme et de la machine à l’église ?