Leur nom sera peut-être familier aux bretons : ATOEM, le duo de Gabriel Renault et d’Antoine Talon, avait enflammé la scène des Transmusicales de Rennes lors de son édition 2018. ATOEM est une contraction de Atom Heart Mother de Pink Floyd et d’Atoum, divinité mythologique liée à l’Egypte Antique. Si l’influence du rock est bien présente dans leurs compositions, son mélange avec des sonorités électroniques n’est pas dénué de sens. À l’image de la divinité dont ils tiennent leur nom, le duo parvient à façonner la matière et s’érige en véritables sculpteurs d’un monde dans lequel les machines ont une place prégnante.

Leur dernier EP Enter the World’s Symmetry témoigne de cette ambiance si particulière et envoûtante : le premier titre, All Around donne immédiatement le ton. Les notes de musique orientale qui le composent s’entrechoquent à celles du synthétiseur aux tonalités plus abruptes. La présence de la voix, discrète, parvient à accentuer l’atmosphère planante qui s’étale sur les quatre minutes que contient le titre.

Mais l’excursion intersidérale ne fait que commencer, et Particles compte bien nous continuer dans cette cadence. Ce second morceau est une véritable invitation au voyage. Les quelques vocalises se confondent à une mélodie aux accents techno, tandis que les riffs de guitare aux notes pop 70’s édulcorent l’ensemble. Nul doute que l’expérience y est aussi sonore qu’esthétique : fermez les yeux et vous vous retrouverez plongés dans une dimension parallèle que vous ne voudrez plus quitter : ici s’exprime le talent du duo, électrons libres de la scène électro-pop.

Theoretical Symmetry offre un ensemble plus homogène, qui n’est pas sans rappeler le club tant le besoin de bouger se fait ressentir à son écoute. Les sonorités très travaillées sont confondues à une atmosphère plus cinématique qui nous évoque Moderat. Ce jeu avec les ambiances se retrouve aussi dans 9th, peut-être le titre qui se distingue de l’EP. Ses accents new wave sont progressifs et illustrent une certaine forme d’élévation. ATOEM réussir à façonner l’instant en nous faisant perdre tout repère spatio-temporel.

Enter the World’s Symmetry se referme avec Riverside où le rythme saccadé, presque inquiétant, nous maintient en haleine jusqu’au bout. La voix joue ici le rôle d’un véritable instrument et vient accentuer l’effet crescendo de la musique. Avec cet EP, ATOEM nous offre une véritable exploration où l’harmonie qui habite les cinq titres n’empêche pas une certaine audace. De quoi porter haut l’étendard de la nouvelle scène rennaise.