Elle se grime en sirène, son Instagram est teinté de rose, de bleu et quelquefois d’eau. Des paillettes s’y glissent parfois, tout comme une techno de hangar à faire trembler tout l’océan. Alexi Shell s’apprête à sortir son premier EP, I Wish I Was A Mermaid et le moins que l’on puisse dire, c’est que l’imagerie associée est on ne peut plus raccord. 

Dans le civil, Alexia Caunille cumule les casquettes et les emplois du temps : elle est tour à tour DJ, productrice, performeuse, créatrice de mode et directrice artistique. La première activité est quelque peu en berne, c’est peut-être la raison pour laquelle elle s’est attelée à la composition, comme pour prolonger un peu plus son univers. Un monde aquatico-techno, où l’ambient synthétique marqué par les meilleurs riffs trancey du milieu des 90’s croise une techno droite, rapide, forte. Un mélange des genres – surtout depuis le retour en grâce des marqueurs de la trance et de l’eurodance – qui nous sied bien et qu’elle déroule avec une certaine facilité sur I Wish I Was A Mermaid. Cinq titres presque langoureux, parfois inquiétants et qui se finissent dans un maelström émotionnel. 

Introduction, qui ouvre logiquement le disque, nous induit en erreur car oui, il y a plus à découvrir dans cet EP que ces chants élégiaques haut-perchés ne laissent entendre. La complainte céleste cache une forêt plus sombre, comme le progressif Hiver qui se change en cours de route en banger techno – reverb, sirènes, sifflements sont de sortie. On les retrouve sur Summer On A Lost Island, quoique plus apaisé, bien aidé par Whale Healing qui s’est glissé entre les deux. C’est là l’une des forces du disque : on alterne entre deux mondes musicaux qui semblent irréconciliables, si ce n’est par le prisme d’Alexi Shell. Tantôt onirique, éthéré et léger comme l’air, tantôt lourd, sombre et caverneux. L’exercice peut tourner en rond sur la longueur, mais gageons qu’elle saura trouver la parade avant d’arriver à son souhait : « j’espère que si je meurs, je me transformerai en sirène ».