Personne ne nous contredira : la grande mode en ce moment, c’est de lancer son propre label. Et ce, même quand on enregistre des vieilles démos cracras dans le fond de son garage et que pas un seul de nos prétendus amis n’assiste à notre “concert”. D’ailleurs, bon nombre de quidams lancent leur propre label pour des raisons triviales comme la volonté d’indépendance, un petit côté rebelle hashtag control freak “moi, je dis merde aux majors, ce sont tous des voleurs, je veux avoir le contrôle sur ma musique“, avoir enfin l’impression d’avoir fait quelque chose de sa vie, ou pire encore, la quête de la reconnaissance éternelle.

Pourtant, Greg Ginn l’un des précurseurs qui en 1978 a ouvert la voie de l’indépendance à des milliers d’autres, ne visait pas aussi haut. Pour lui, SST Records (Solid State Transmitters) n’était à la base qu’un moyen détourné de vendre son matériel électronique et par la suite produire son groupe de punk amateur : Black Flag. il n’aurait jamais pu prédire que des types comme Sonic Youth, Dinosaur Jr., ou encore les Meats Puppets, passeraient un jour le pas de sa porte, bien décidés à changer l’histoire du rock. Puis, lui colleraient un procès aux fesses quelques années après…mais ça c’est encore une autre histoire.

Quoiqu’il en soit, le label indépendant californien a connu son quart d’heure de gloire dans les années 80, à l’époque où Glen Lockett, plus connu sous le blaz de Spot, officiait comme ingé son et producteur. Le bonhomme a vu défiler entre ses mains les albums de Black Flag, Minor Threat, Misfits…et un appareil photo. Oui, un appareil photo qui dévoile aujourd’hui ses mystères en retraçant l’époque où les vrais punks n’étaient pas à chien, mais à roulettes. Ils étaient la figure de proue de la culture populaire, défendeurs de l’indépendance – rarement du droit d’éclater la gueule de son voisin de comptoir avec une bouteille -, et puis aussi de tout un tas d’autres valeurs cool qui se sont perdues depuis.

Un flashback inspirant et inspiré, compilé dans un bouquin de photographies qui rêve plus souvent de patins à roulettes, de jolies filles en bikini et de nostalgie que de violence et de beuveries. C’est beau, c’est le passé, c’est “Sounds of Two Eyes Opening” et c’est à découvrir ci-dessus.