L’indémodable carnet Moleskine a bâti son empire de papier sur des pages blanches. Parfois barrées de quelques ratures et de mots sans queue ni tête, parfois vides mais remplies de notre urgence à se souvenir de tout, de notre peur d’oublier les choses qui marquent. D’ailleurs, si le philosophe Pascal était né en 1990, il y aurait sans doute noté ses pensées. Et peut-être même se serait-il permis la futilité d’y griffonner sa liste de course. Qui sait ? Pas la même époque, pas les mêmes mœurs.

Bien loin des philosophes, des poètes torturés ou de n’importe quel utilisateur lambda, Kerby Rosanes, jeune artiste autodidacte de 23 ans, détourne le moleskine de sa vocation première. Et le pragmatique pense-bête laisse place à l’imagerie : exit les rendez-vous chez le médecin, Rosanes croque plus qu’il ne note. Au bestiaire steam-punk saisissant de fougue, il oppose l’inertie du métal et l’industrialisation massive qui peu à peu dévorent les bêtes. Sombres visions, qui laissent parfois filtrer une lueur d’optimisme bienvenue : au détour des pages, on découvre parfois ça et là des croquis d’animaux cette fois-ci entourés de nature ou encore de personnages iconiques de la pop culture.

L’homme a rempli son tout premier moleskine il y a peu, pour le regarder s’effeuiller en vidéo,  ça se passe ci-dessous.