Il y a d’abord eu une chanson. Un titre lumineux, frais et triste, à la composition simple et touchante. C’était en tout début d’année, « No Woman » atterrissait sur nos plateformes d’écoutes et nous étions pris. Pris par le songwriting d’une douceur absolue et d’une finesse évidente, par ce folk au penchant grandiloquent rappelant (un peu) les grandes heures de Bon Iver – les orchestrations en moins, par ce folk tendre et juste. Whitney venait d’entrer dans nos vies.

Créé à la suite de la séparation des Smith Westerns, Julian Ehrlich et Max Kakacek, les ex-deux leaders du groupe, se retrouvent sans projet ni but et se mettent à composer ensemble. D’abord pour panser leurs plaies et douleurs, car les deux garçons sont alors en pleine rupture amoureuse. S’ensuit un hiver rude entre leur ville, Chicago, et une cabane dans le Wisconsin où le projet prend forme et les chansons s’égrènent petit à petit. Encore une fois, le spectre du canadien folkeux à la barbe rousse n’est pas loin.

Pourtant, la comparaison s’arrête là, tant Whitney a un petit quelque chose de plus. Entre pop douceâtre et country légère, le duo plonge dans une mélancolie que l’on pourrait qualifier de « lumineuse », faute d’adjectifs plus précis, que peu d’artistes maitrisent autant – Bon Iver compris. Une dualité qui se ressent tout au long de l’album, entre la tristesse des mots et la douceur des instrumentations.

Entre l’ouverture fabuleuse, « No Woman » – dont on ne lasse décidément pas – le plus léger et très pop « The Falls », les ballades déchirantes « Dave’s Song » et « Light Upon The Lake » ou bien le sautillant « Polly », Whitney nous transporte d’un bout à l’autre de son premier album sans efforts ni artifices, avec la sincérité des plus jeunes et la finesse des plus grands.

Whitney sera en concert ce samedi à Paris au Point Ephémère.