Retour sur l’un des hauts lieux de la scène électronique française.

La prolifération des soirées rime avec une offre d’envergure qui nous laisse un choix de plus en plus ample. Mais avant, c’était comment ?

Avant et il n’y a pas si longtemps, on se débrouillait avec deux trois clubs qui poussaient un peu plus les décibels. On a décidé de vous parler d’une de ces enseignes mythiques que vous connaissez déjà : le Rex Club, qui vient de lancer son propre label Rex Club Music. On attend avec une impatience grandissante de découvrir l’EP Second Hand Smoke, produit par deux de ses résidents, Phil Week et D’Julz. En attendant, voici l’histoire et la réalité de ce club qui surfe depuis plus de 26 ans déjà sur cette vague électro que Paris redécouvre –enfin-.

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Un Rêve, du rock et de la disco’

Dans les années 30’ on l’appelait « Le Rêve » et on y sortait habillé chic, tout simplement car la boîte l’était. Extension du cinéma le Grand Rex, ce dancing coté des grands boulevards vêtu d’un intérieur de velours rouge est bien loin du légendaire club de la scène électro que l’on connaît aujourd’hui. Dans les années 70, notre Rex club chéri naît véritablement. D’abord discothèque où l’on écoute de la disco, les années 80 feront du club une salle rock où certaines légendes du genre se produiront. C’est en 88 que les premières soirées électro voient le jour, les fameuses partys « Jungle ». Bim Bam Boum, notre cocon a trouvé sa voie. Acid house au programme, une bande d’Anglais déjantés venus tout droit de Manchester agite une scène révolutionnaire. L’exception est française : Laurent Garnier est bien sûr de la partie.

Comprenons bien que c’est en ce sens que le Rex est célèbre: il a servi de nid à cette musique qui a traversé la manche après avoir vogué sur l’Atlantique. « C’était un son révolutionnaire. Pas mal de règles étaient cassées. Au point que les autres patrons de boîtes me prenaient pour un barjo. On me disait: “Ce n’est pas de la musique, ça va pas durer un an.” Ou, pour les plus arriérés: “C’est une musique de drogués et de pédés. », Christian Paulet, directeur programmateur du Rex à l’époque.

Un vrai refuge, le Rex a accueilli les bras ouverts un nouveau public décalé et porté par ces sonorités qui bouleversent les codes de la fête. 92, Laurent Garnier lance les soirées Wake Up. L’objectif est d’inviter des djs internationaux. Détroit et Chicago pour la première fois à Paris. La suite vous la connaissez. Le Rex Club s’est forgé une véritable renommée et a permis à la scène techno/house de s’imposer à Paris puis en France. Ce n’est pas un acteur mais l’acteur essentiel de la révolution électronique. A travers les générations, il a su supporter et rester fidèle à non pas un genre, mais à un pluralisme de styles définissant le cœur explosif de ce que sont les musiques électroniques.

Photos Rex Club

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Sans strass ni paillette j’irai danser. Ce n’est pas pour draguer que j’irai rexer. Le Rex Club en 2015

A l’entrée du club, la convivialité n’est pas au rendez-vous et ça se la joue un peu sec. Les videurs, c’est pas trop tes potos et ils sont là pour te le rappeler. A peine descendues les premières marches qui t’amènent tout droit en enfer, des « boums-boums » te retournent un peu les tripes histoire de t’annoncer la couleur. Salle principale : il fait sombre, pas trop de strass et de paillette : on n’est plus là pour écouter de la disco. Quelques jeux de lumières suffiront à égayer ta soirée : ici pas d’écran, de chill-out ou de terrasse: « on est là pour la musique et pour kiffer ». Le son, c’est bien ce que l’on apprécie le plus dans ce club qui ne paye pas de mine. Un sound system unique au monde changé en 2006 : 70 points de diffusion répartis dans la salle. Concrètement, le son s’éparpille dans tous les recoins de la boîte. « ça vibre de partout ». Un système sur mesure qui s’adapte en fonction de la soirée, chaque enceinte fonctionnant indépendamment des autres. Techniquement et pour les plus connaisseurs d’entre vous, voici l’équipement du Rex :

– 60 Enceintes CI 80 D&B
– 2 Enceintes Q 10 D&B
– 6 Caisses de Basse J-Sub D&B
– 19 amplificateurs D12 D&B
– 1 Finaliseur TC électronique
– 4 Max D&B, 2 amplificateurs D12 et 1 limiteur compresseur Drawneur dl 241 en Ecoute Cabine.

Les mélomanes seront ravis. Puis si l’on va rexer, c’est bien pour le plaisir du son : sa qualité est au rendez-vous et le line up pointu et varié brasse la scène électro/techno/house en long, en large et en travers. Rien à dire si ce n’est : MERCI. La célèbre cabine du DJ vend elle aussi du rêve. Une faune déjantée et transpirante s’y agglutine afin de se trouver face au maître de la soirée. Quelques centimètres à peine et une fine vitre séparent le public bouillonnant de la divinité présente.

Deux bars, quelques banquettes, tables et le fameux fumoir. Ah, le fumoir du Rex -qui fait tant parler de lui-. On comprend pourquoi. Un fumoir glauque, oppressant et souvent bondé. A partir de 4h matin, quelques épaves viennent s’y échouer, à la recherche d’une clope et de bonne –ou mauvaise- compagnie. Le Rex c’est aussi cette réalité : celle de la débauche de la nuit parisienne. Celle de l’excès, de la folie et du tout permis.

Le Rex est loin d’attirer tous les amateurs de musiques électroniques. C’est trop glauque. Cette « maison » des technophiles affirmés qui fait vibrer les grands boulevards depuis des années est parfois perçue comme un lieu un peu trop sombre où il ne fait pas si bon vivre. Les pionniers et anciens clubbeurs du Rex se souviennent, déjà, d’une ambiance propre au lieu dès la fin des années 80 : « Le club avait un côté avant-gardiste et une image assez dark. Tu y sortais voir des artistes que personne n’aurait programmés ailleurs. Il y avait une ambiance, une atmosphère propre à cette boîte, c’est sûr. C’était à la fois trash et underground ».

Nous avons posé quelques questions à Emeline Ginestet (Molly), responsable communication du Rex Club, qui nous a aidé à cerner au mieux l’éthique du lieu et ses nouveaux enjeux.

En 2015, les soirées techno/house fusent dans la capitale et dans la France entière. N’est-ce donc pas plus difficile de garder un positionnement particulier et de faire face à la concurrence ?

Il est vrai que nous constatons une effervescence d’événements nocturnes, à Paris mais aussi en France. Cette augmentation va de pair avec une augmentation de la fréquentation des clubs et des soirées en Musique Electronique. Beaucoup d’établissements parisiens proposent aujourd’hui une programmation musicale similaire. Il est vrai qu’il n’est pas toujours évident de se démarquer mais d’un autre côté cette concurrence est très stimulante et profite à la qualité des soirées et événements de la capitale.

Le Rex Club a œuvré fidèlement, des années durant, pour les musiques électroniques. A présent, quels sont vos nouveaux objectifs ?

L’objectif reste le même, continuer à offrir de belles soirées au public et poursuivre notre rôle de dénicheurs de talents 🙂

Comment définiriez vous le Rex Club en 2015 ?

Le REX CLUB en 2015? Je dirais que c’est encore le club français de référence en musique électronique sur le plan international.

Quelques mots sur le label Rex Club Music ?

L’idée de créer REX CLUB MUSIC est dans nos têtes depuis de nombreuses années.

Cependant, pour diverses raisons, nous n’avions pu la réaliser. Nous voulions nous lancer dans cette aventure uniquement si nous étions prêts à nous en occuper pleinement. Et ce moment là est arrivé.

De part mon expérience au sein du REX, ma connaissance du milieu mais aussi de la musique, j’étais la plus à même pour m’occuper de ce projet. Nous avons pris le temps et conservé le secret ces 6 derniers mois et sommes fiers aujourd’hui de lancer REX CLUB MUSIC. Rendez-vous pour la première sortie avec D’JULZ & PHIL WEEKS “second hand smoke” ep, Trus’me Remix (release party le 9 mai).

Merci à Emeline alias Molly d’avoir répondu à nos questions.

Illustration : Mathieu CLF

Et vous, que pensez-vous de du Rex Club ?
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