Si le post rock était un artiste peintre, le math rock tiendrait la place de son cousin intellectuel. Et bien que ce sous-genre de l’indie rock se révèle résolument underground, plusieurs formations tenues en haute estime par le grand public servent de porte-étendards au genre telles que Battles, Don Caballero ou encore And So I Watch You From Afar. Quadrupède sont les nouveaux princes du math rock français qui officient dans la plus grande discrétion suivant une démarche DIY sans pareille.

Le génie du duo se trouve dans sa façon de décortiquer ses tracks que l’on s’autorise à percevoir comme des tableaux, en témoigne l’artwork de l’album Togoban (2014, Black Basset Records). Car même si nombreux arrangements, notes et contre-temps s’entremêlent, Quadrupède offre ici un chant sonore large à explorer. Avec un passé résolument noisy (“Judoka”, “Burkina Faso”), le duo manceau travaille ses compositions de façon particulièrement subtile en incorporant tout un réseau d’arrangements électroniques et de sons alambiqués. Sous couvert d’une toile sonore tissée sur un combo guitare-batterie rempli de signatures rythmiques millimétrées et de riffs incisifs, Quadrupède emprunte aux grands noms du genre pour livrer un math rock électronique impressionnant. Détonations explosives et bips rétro-geek en premier plan (“Mambo Pomelo”, “Rhododendron”, “Astro”), le duo français injecte de plus larges ambiances spectrales et grandiloquentes qui favorisent l’écoute. Quadrupède évolue dans un genre rebutant pour le grand public mais reste extrêmement accessible en capitalisant sur un sens de la mélodie qui rend ses oeuvres originales. Comme quoi, même les formations les plus restreintes sont capables de réaliser de grandes choses.