Le vent souffle, le tonnerre gronde, la terre tremble tandis que la rage s’étend avec hargne dans le creux de notre oreille, qui semble rétrécir à chaque mesure, à chaque note crachée vigoureusement par ces jeunes suédois. Toutefois, une impression de déjà vu s’immisce irrémédiablement dans notre petit cerveau à l’écoute de leur Detroit. Mais pourquoi donc cette volonté inaliénable à vouloir se cacher dans le brouillard ? Pourquoi se saper tout de noir et/ou de cuir, maquillage hurlant de terreur et guitares étouffées derrière des couches acides de reverb ? Pourquoi se nourrir perpétuellement au sein de The Jesus And Mary Chain, Cocteau Twins et Lush ?

Faisant fit de la confusion rendue palpable par Pink Milk qui n’a rien d’un groupe pop bubblegum aux pistes radios insultantes, nous laissons ces vols planés mélodiques tirer leur bout de chemin, comme un cri que l’on pousse lorsqu’on s’écorche. Oh non, ce combo nordique ne vient pas prévenir le retour du shoegaze – la scène française, par mégarde ou insouciance, s’en est déjà chargée – mais prédit avec une grâce touchante l’expansion de ce mouvement post-adolescent 90’s que tout le monde pensait disparu. De là à annoncer Ragnarok, ne nous méprenons pas. Mais ces Vikings, qui auraient tout à fait pu s’adouber Punk Milk, ne risquent pas de nous faire boire du petit lait.