Seconde édition pour le Monticule Festival, qui s’est déroulé du 23 au 26 juin au domaine de Gayfié, à quelques 140km de Toulouse. Un événement aux airs de retraite spirituelle et musicale, pour lequel 600 aficionados en quête de nature et de programmation électronique pointue ont fait le déplacement.

L’idée du Monticule Festival est née à Munich. Elle a été ramenée au domaine de Gayfié par l’association du même nom, un groupe de six créatifs de 22 à 35 ans. Venus avec leur staff de Munich, 120 bénévoles et une bonne partie du public, l’équipe du Monticule investit pour l’occasion un lieu qui en temps normal accueille des randonneurs. Plusieurs systèmes sons et des structures atypiques composent les différentes scènes du festival, et une énergie folle émane sur le site.

« Monticule, c’est quelque chose de diffèrent, à base de respect. Une grande famille où chacun apporte du sien. Monticule, c’est en quelque sorte une pièce de moi. Un moyen de montrer ce qui est possible. Ce n’est pas une forme fixe d’idée, ni une vérité, mais un échantillon de possibilités » confie Eric, un membre de l’organisation.

Monticule

Il aura fallu 6h aux Lyonnais du duo Lumbago Soundsystem pour rejoindre les lieux. Après avoir quitté l’autoroute, ils ont traversé plusieurs bourgades et lieux-dits avant d’arriver au pied d’un chemin graveleux, celui qui mène au domaine. Venus en voiture depuis Lyon, ils sont programmés pour jouer pour la première fois au petit matin. C’est avec beaucoup d’excitation qu’ils débarquent le vendredi en fin d’après-midi. Ici, l’on sent déjà que quelque chose de particulier se prépare. Certains jeunes se baladent et profitent de la nature environnante pendant que d’autres grimpent la pente pour rejoindre le festival. Les artistes sont accueillis par Eric, un personnage de 26 ans maîtrisant un doux français. Il organise les soirées Down Stare à Munich et fait parti de l’association Monticule.

Au Monticule entre 18 et 20h, c’est l’heure de la detox : une pause musicale quotidienne, dans le but de permettre aux gens de se reposer et/ou de se retrouver pour manger. L’anglais est la langue officielle du festival. Le dépaysement est total. À l’entrée, deux jeunes allemandes, occupées à siroter une eau-gingembre, distribuent les pass d’accès et les clefs des chambres. Les artistes sont logés dans une des 23 maisonnettes qui composent le domaine. Les autres festivaliers dorment au camping.

Ma cabane dans la vallée du Lot

Liselotte, est devenue propriétaire du domaine de Gayfié en 1992. Elle a ainsi permis à ce magnifique lieu de 140 hectares de ne pas être acheté par un Club sportif qui aurait
« déstructuré la nature, avec la construction plus de 100 maisons » nous explique la propriétaire allemande.

Si Liselotte a décidé d’accueillir le Monticule, c’est pour lier ce lieu magique avec la jeune génération. Elle est également la maman de Richard, l’un de six membres de l’organisation :
« Malgré mes clients fidèles, j’ai le sentiment que la clientèle du futur, ce sont ces jeunes-là. C’est pourquoi j’ai décidé d’accueillir le festival dans mon domaine où je réside depuis 12 ans. Mon fils représente cette nouvelle génération. C’est un festival particulier qui mêle jeunes, nature et musique.»

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Nature et respect

Respect de la nature et communication sont les mots d’ordre ici. Le site est dépourvu de mégots au sol. Pour cela, des cendriers portables sont distribués gratuitement à l’entrée. Beaucoup les porteront autour du cou. Les Français sur place, principalement venus de Toulouse, sont impressionnés par le calme et de la propreté qui règnent. Ils ont tous l’impression d’être ailleurs, dans un autre pays.

Ici, pas d’odeur de frites ou de burgers. Les Munichois sont venus avec leur recette bio/veggie, celles qui ont la cote chez les jeunes. Le bar a préparé tout le week-end des jus frais et smoothies – dont le fameux jus de pomme céleri, un bon moyen de lutter contre la gueule de bois. Le stand du Monticuisine proposait des plats végétariens, un combo entre produits écolos et régionaux, sans que les carnassiers ne soient non plus mis de côté.

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Bon accueil pour les Allemands

L’équipe du Monticule n’aurait pas cru que le festival se déroulerait aussi bien. Il a tout de même fallu rassurer les voisins des communes environnantes :

« Les habitants du coin voient débarquer les Allemands avec leur grosse techno, alors il faut montrer ce que l’on fait, il faut rassurer. »

Le maire de la commune voisine, venu danser samedi soir sur Gilb’r, ainsi que d’autres habitants, sont fiers d’accueillir un évènement multiculturel. Des bracelets d’invitations ont été offerts et les prix des entrées ont été rabaissés à 10 euros par jour pour les jeunes des alentours.

«C’est un moyen d’initier l’autre génération. Mes parents n’aimaient pas les Beatles et en vérité. Il faut aller de l’avant et accompagner les générations futures » confie Liselotte.

Une grange aménagée en club

Coté musique, la programmation allait de downtempo à techno, en passant par à peu près tous les styles électroniques. Au détour d’un set, il était possible d’écouter un morceau de musique classique ou orientale.

Le showcase Ilian Tape se tient le vendredi sur la scène extérieure. Le label Munichois fondé en 2007 par les Zenker Brothers réunit Stenny, Andrea et Phillip Von Bergmann pour une soirée 100% techno. Les sets suivants s’écoutent dans une grange aménagée en club sombre et puissant. C’est avec du TurboSound qu’Helena Hauff retourne le dancefloor, et que Lowris B2B Lumbago Soundsystem jouent leurs vinyles et clôturent la soirée, à 9h du matin.

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Samedi, dès 10h, c’est autour de la piscine que les « Monticulés » profitent de l’ambient de Silence One. À 12h, Martha van Straaten conquiert le public avec sa downtempo chamanique. Le matériel, Funktion One, camouflé dans les arbres, impose une déco simple et nature. Au coucher du soleil, les deux prodiges de Tel Aviv Asaf Samuel et Katzele saisissent la foule avec un set lunaire et cosmique qui met tout le monde d’accord. Leur label, Malka Tuti, fraîchement fondé en 2015, produit une musique spirituel et énergique.

La suite de la soirée se déroule avec Khidja de Bucharest et par une prise des commandes de Gilb’r, qui fête cette année les 20 ans de son label Versatile Records. Retour dans la grange à partir de 3h, entre autres pour le live de Ben Vedren. Le dimanche, dernier jour du festival, avait des airs d’after party en bord de la piscine. Un dernier moment d’échange et de partage entre français et allemands, le temps de se dire à l’année prochaine.

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Article écrit par Coralie Favre