21 Février, il ne fait pas bien chaud dans la capitale, peu de gens dans les rues et de la buée sur les fenêtres;  pourtant une rumeur court : “Ce soir, il y a un endroit secret où l’on pourra écouter de la techno, de la vraie. Le Weather Winter, ça te dit pas quelque chose ?”. Rumeur qui fait visiblement du bruit puisque même Envoyé Spécial tente de s’incruster. Bien loin de vouloir faire la fête, la team de journalistes bons-marchés avait plutôt pour but de pondre un énième sujet choc : Techno, Drogue, Addiction.  Alors oui forcément, un festival électro c’est du pain béni pour tout magazine à sensation flemmard qui se respecte. Mais ce triumvirat de la fête est-il vraiment le gage d’une soirée réussie ? Pas si sûr. D’ailleurs, les vrais atouts du Weather, puisque c’est comme ça qu’on l’appelle dans le milieu, se retrouvent ailleurs. 15 000m2 de spot pour danser avec 2 scènes (et pour le coup 2 ambiances). De l’espace donc, un public agréable qui, ma foi, à l’air plutôt content d’être là, des visuels canons… Mais aussi une programmation aussi riche que finement choisie dont on va vous vanter les mérites sur le champ.

Point G

Une fois passées les grilles et les quidams un peu saouls qui attendent dans le froid, on tombe sur ce plan en 3D respectable qui nous indique que “Scène 1 c’est BOUM ; Scène 2 c’est OUF”. Direction Scène 2 donc, histoire de ne pas louper Point G qui joue le premier “live” de la soirée. Un live qui mêle house et deep et, au vue de la programmation, il sera sans doute le seul. A peine arrivé sur scène qu’il balance déjà un vocal de black music suave, histoire de bien donner le ton.

Dj Gregory qu’on avait un peu perdu de vue ces dernières années, ambiançait déjà nos folles soirées sur FG Radio à l’époque. Il n’a rien perdu de sa superbe, si ce n’est peut être son déhanché, un peu rouillé quand on le voit passer derrière les platines. Et pourtant, tout fort d’expérience et de pratique qu’il est, son live ne nous offre rien de bien nouveau sous le soleil. Il marche dans les sentiers trop usés du set house et tombe dans le gouffre de la facilité. Si c’est efficace un moment, ça n’a pas le mérite de nous transcender et finit rapidement par nous lasser. On distingue tout de même quelques sourires dans la foule, et quelques cris plein de ferveur… sûrement sa maman.

Le point G ne sera donc pas atteint ce soir et même si certains danseurs ont l’air en plein orgasme, nous préférons quitter rapidement les lieux pour aller voir du X, du vrai.

Check : La blague sur point G.

François X

“Quand on rentre dans le club ça ne sent pas trop la schneck” et pourtant François X est déjà bien dans son set.
Le bonhomme n’a pas toujours été le chouchou du créneau horaire 2h00-5h00 du mat’ : avant ça il portait le costard et bossait dans la finance. Ça c’est pour la petite histoire funky,  la petite anecdote qui fait sourire mais sa techno en revanche est beaucoup moins drôle, beaucoup plus “hypnotique”.

On distingue directement les influences du fondateur de Dement3d dès les premières notes de son set; cette impression d’entendre The man with the redface s’avère complétement bousculé quand le beat rentre dans le game. François X joue à la Concrete alors forcement ça laisse des traces ; une techno lourde et chaude, presque caniculaire, s’empare de la Scène 1. François X a redonné vie au Vampire Rave Club de Blade 1, le temps d’une nuit.

D’ailleurs on comprend mieux pourquoi Arte Concert a décidé de commencer sa capta vidéo avec un set pareil :  le louper c’est louper l’arrivée de la scène techno parisienne au Weather Winter. Et ça, ce n’est pas envisageable. Et puis, avec ce Vjing, cette ambiance, ce moment un peu arrêté quand on regarde les immenses écrans, la techno de François X glisse toute seule, comme le sol de cette scène 1.

Raresh

Alors que François X est encore aux commandes, une vague de froid s’empare de la salle voisine : Raresh pose ses bagages et c’est un argument largement valable pour que nous changions de scène. Passeport en poche, c’est parti pour Raresh. Sa techno est à son image : fraiche. Raresh sourit, balance les kicks, danse, coupe les drops, clape des mains, sort la reverb’. Il a cette image de DJ de club un peu nonchalante, un peu “cheap” qui est totalement corrigée par la finesse de sa selecta. Raresh à lui tout seul a suffit à faire oublier ce fameux Techno, drogues & Addiction au mérite d’un fier “Famille Techno” dansé et crié à l’unisson par tout le monde. À l’heure où la techno sombre et froide est à l’honneur, c’est un vrai plaisir de voir autant de monde bouger ses fesses sur un set tech-house de qualité. Pour nous c’est décidé ce set là, on n’en loupera pas une miette, c’est beaucoup trop rare.  

M.Jonson Vs Minilogue

Minilogue et Mathew Jonson ont mis tout le monde d’accord avec un B2B expédié en un temps record. Réussissant le pari de nous familiariser avec le mélange percussions ethniques, exotiques et l’univers complètement rêveur de M.Jonson, on regretterait presque qu’ils soient en live et ne jouent malheureusement qu’une heure. Danse de la pluie ou invocation voodoo, on sait pas trop ce qu’il s’est passé mais en tout cas il a plu de la transpi pendant ce set, preuve que des moments comme ça n’arrivent pas tous les jours. Autour de toute cette techno, house et minimale au petit BPM ce VS trouve parfaitement sa place. Il redynamise, redonne vie et envie de rester encore debout pendant 4h. À ce moment, qu’importe le froid, la fatigue, la moiteur et la Grolsch trop chère : il faisait beau scène 2; il faisait beau au Weather.

Laurent Garnier

Fin du B2B, une longue note. Un hurlement surgit devant et grandit. Visiblement les 3 gus se font remplacer par un seul homme. Un mec d’une quarantaine d’années, petit pull, cheveux propres (on taira la marque de son shampoing) qui s’installe pour 3h de DJset avec des sons d’oiseaux. Laurent Garnier. Étant donné qu’il a été surnommé “Pape de la french-touch” il y a plusieurs années déjà; pas dit qu’il soit judicieux de rechanter ses louanges. En revanche, quand Laurent joue pendant 3h, Laurent joue vraiment. A plus forte raison car le grand monsieur a eu 3 jours dans 3 villes (Berlin/Londres/Paris) pour s’échauffer. Mais aussi et surtout pour faire la promo du come-back de F communication, son label qu’il avait gentiment mis de coté pendant 8 ans. Avec ce retour aux sources annoncé début de semaine dernière, beaucoup s’attendait à écouter du méchant Garnier digne des vieilles soirées à la Hacienda. Mieux que ça, on a eu le droit à ces sets de fin de soirée qu’il nous réserve parfois, où l’on croit distinguer un remix improbable d’un morceau de Kamara. Ces sets qui te font presque croire à un léger cousinage entre la techno et le post-rock. Samedi soir, Laurent a joué une minimale planante et envoûtante, légère, presque aussi mélodique que Eulberg ou Rone.

Et puis on a du rentrer, sans encombre, en cherchant en vain un sujet original pour aider ces boeufs d’Envoyé Spécial. Et pourquoi pas “Une Weather Winter sans nuages”.

Crédits photos Jacob Khrist

 Article écrit par Jean Fromageau