Il y a quelques mois, ils ont retourné Internet avec le fascinant clip du morceau “Bouches à lèvres”. Les voici désormais à la une de toute la presse spécialisée et à la télévision : c’est peu dire que ces derniers mois furent ceux d’Odezenne. Une omniprésence médiatique aussi inattendue que surprenante pour ce groupe habitué du DIY et de la discrétion. Mais surtout, une juste récompense pour cet ovni de la scène musicale française.

Vendredi dernier sortait Dolziger Str. 2, le troisième album du trio bordelais. Avec ce successeur de l’album OVNI, qui sort un peu plus d’un an après leur dernier EP Rien, le groupe est « revenu fort », et « bouscule ». Odezenne surprend et charme, encore une fois.

 

Mais pourquoi cette envahissement médiatique soudain ? Ce dernier album n’est-il composé que de concessions musicales pour mieux plaire ? Ou est-ce qu’Odezenne a opté pour un virage extrêmement novateur ? Rien de tout cela, certainement. Ni rap, ni variét’, Odezenne souffle le vent, embaume l’atmosphère d’une mélancolie presque chaleureuse. Surclassant les cases, Jaco, Al et Mattia, abolissent les frontières des genres et des sentiments.

A l’écoute de l’album, on a le sentiment que le trio opère en appliquant délicatement un flingue sur la tempe de la routine. Pas de recette ni de style. C’est un perpétuel mouvement. Les instrus toujours plus poussées, et si Odezenne est souvent assimilé au rap, la présence de Mattia en guitariste (multi-instrumentiste) sur leurs productions et sur scène témoigne de la singularité du groupe.

Les textes toujours aussi travaillés et fréquemment troublants. Les émotions sont multiples, l’essence des mots et les sens se brouillent. Tout se mélange. Beaucoup de doutes, d’interrogations au fil de leurs rimes. Beaucoup de questions dont on laissera les réponses au titre On nait on vit on meurt.

 

Odezenne s’est transformé sans rien changer. Sans jamais se conformer aux attentes, sans rien concéder. Une chose est certaine, Odezenne bouleverse encore. Sur cet album, on retrouve même un peu d’o2zen, par moments. En somme, Dolziger Str. 2 n’est ni meilleur, ni moins bon, que ses prédécesseurs. Son succès ne représente que partiellement l’ampleur de l’œuvre de ces trois mecs, qui continuent d’envoyer par la poste leurs propres disques, emballés à la main. Rien ne change. Le cardiogramme saute, la rétine frémit, c’est une claque de plus.

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