Après une première journée bien ancrée dans le hip hop, le MaMA nous gâte le lendemain avec une série de concerts relativement éclectique. Entre musique psychédélique, electro rock et dance music, nous avions toutes les clés en main pour faire voyager nos esprits. Retour sur cette seconde journée chargée en émotion. Et en fatigue.

Andrea Balency : la voix fatale

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L’intuition du journaliste musical est souvent très bonne, de par son côté chercheur d’une part, et de son petit côté snob/hashtag “j’étais le premier à connaître” de l’autre, il aura tendance à fourrer son nez dans tous les recoins du deep web. Et par hasard il tombera parfois sur un trésor encore secret. Andrea Balency, vous l’aurez compris, fait partie de ces diamants découverts par un journaliste plus chanceux que les autres, un diamant tellement captivant qu’il s’écoute ensuite à l’infini.

C’est une jolie femme qui s’installe derrière son clavier sur la scène de la Boule Noire, mais c’est surtout une voix qui nous scotche au sol, d’une puissance telle que la belle doit détourner le visage de son micro. Cette voix pourtant si pleine s’avère pleine…de retenue à d’autres moments, et un voile de glace tombe brutalement sur l’estrade, faisant frissonner le public. Andrea Balency entoure son chant si hardant, d’un écrin gelé, d’une production tellement millimétrée qu’elle en devient d’une froide perfection. Et si les talents d’interprétation de la jeune artiste sont sidérants, on ne peut que saluer sa prestation instrumentale quasi cathartique : Andrea fait corps avec son clavier, dans lequel elle déverse sa peine en tordant les boutons d’effets, en écrasant ses pads, en dansant macabrement autour de cette objet inanimé.

Lorsque l’on ressort de là, nous sommes salement amochés : la baffe qu’Andrea Balency nous a adressé nous a mis dans une sorte d’état hypnothique dont il va être ensuite très difficile de se débarrasser.

 

Tristesse Contemporaine : dans les nuages.

En revenant à la Boule Noire, on ne sait pas trop à quoi s’attendre, si le live de Tristesse Contemporaine prendra une direction psychédélique, dance ou punk.  Cette bande de déglingués dépressifs, prend un malin plaisir à démolir le monde avec une musique sombre et des lyrics vraiment anxiogènes. Pourtant, leur set ne paraissait pas très angoissant ce soir là. Le frontman perché au masque de biche semble ailleurs et se montre peu enclin à faire sauter la foule. De son côté, le guitariste ne fait trembler à aucun moment, délivre quelques riffs relativement simples et ne bouge pratiquement pas. On pourrait croire que le trio est planté là et ne vit pas son live.

Et pourtant, les notes de synthés de Narumi se veulent tellement planantes que le groupe ancré dans son monde, ouvre la porte au public qui vacille sans broncher. Tristesse Contemporaine nous a emporté au pays du désespoir placide, de façon discrète mais profondément enivrante.

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I Am Un Chien !! : sang et sueur

Après les avoir interviewé au bar d’en face, tout le monde se retrouve au Bus Palladium pour profiter du set des parisiens. En voyant le monde présent,  il est clair que le trio de chiens enragés va vraiment retourner l’endroit. Et c’est le cas. Le set concocté par I Am Un Chien se révèle enivrant et chargé en émotion. Le nouvel EP du groupe, bien plus pop que ses prédécesseurs, parvient à convaincre l’ensemble du public. Les éternels classiques comme « Waves », « Seven Gore Machines » ou « Don’t Shoot My Little Baby » emportent quelques quidams dans une séance de headbanging et de danse effrénée. Les nouveaux titres comme « Pure » et « Humanity » transforment le public en marionnette en un rien de temps.

Sur scène, les boys sont chauds, en témoigne leur performance sur « Chronicle », morceau favori du groupe en live. Le chanteur prend possession de la scène en la parcourant de part en part et s’impose en chauffeur de salle charismatique et convaincant. En haut, le beatmaker pilote le tout, synthés, machines et contrôleur en main. Nous sommes en train d’assister à un live d’une violence sonore particulièrement accrue.

Au final, le set se termine sur l’éternel You & I, David le chanteur, accompagné au micro par son frère José, leader des Stuck In The Sound. C’est ainsi que nous quittons le Bus Palladium les tympans décrassés après avoir vécu l’un des concerts les plus lourds en testostérone de cette édition du MaMA. Mais nous n’avons pas de temps à perdre. D’autres sets nous attendent, et nous remontons donc vers Pigalle en tout hâte.

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Naive New Beaters : let’s dance.

La pause clope est terminée. On écrase les mégots, on prend un verre et rendez-vous sur la piste. Le  début du DJ Set de Naive New Beaters pourrait se résumer de cette façon. Le trio ne passe pas par quatre chemins et nous pousse sur le dancefloor à grands coups de deep house et techno comme on les aime. L’évasion est telle qu’en fermant les yeux, on se sent seul, aspiré par des beats redondants.

Toute la foule relâche la pression et transpire par la danse, et aussi par la chaleur de la salle. Le Divan du Monde reste fidèle à sa réputation. Cette salle est une vraie fournaise mais cela ne dérange personne. Tout comme nous, les festivaliers se trouvent déjà à des kilomètres du monde matériel. En vérité, outre cet aspect festif qui persiste au sein de la grande pièce, nous passons un superbe moment fait de joie et de bonne humeur. Ici, pas d’embrouille, tout le monde profite de la présence du groupe pour décompresser et s’éclater.

Fin du rêve sur “I Want To Break Free”, il est maintenant temps d’assister au concert de quatre allumés : Salut c’est Cool.

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Salut C’est Cool : pas tant que ça.

Il est minuit passé, toute l’équipe est sur les rotules à force de courir de salle en salle pour voir et interviewer les artistes.  Histoire de bien annoncer le thème, le concert de Salut C’est Cool démarre sur du lancer de brins de menthe dans la foule. Torse nu sur scène, les porteurs de moustaches et mulets animent plus une grande fête de village qu’une salle de concert. Le public semble réceptif et la plupart des présents, bondissants et déchainés, s’éclatent comme pas permis.

Certains en revanche, restent dans le fond, perplexes, à mi-chemin entre le scepticisme et la sidération, avec l’air de se dire “Mais c’est quoi cette farce ?”. On peut les comprendre : les beats se ressemblent, les transitions sont parfois mal exécutées, le chant est perpétuellement faux. Certes, c’est voulu : Salut C’est Cool est un gang qui ne se prend pas au sérieux. Oui, parfois c’est très drôle, parfois moins. Il faut tout de même les voir au moins une fois pour faire partie intégrante des fêtes qu’ils viennent créer avec leur énergie et leur enthousiasme. Mais rien n’y fait, ce n’est pas notre came.

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