Telle Sherazade et ses 1001 nuits, les compilations Late Night Tales nous content depuis quinze ans des histoires pour embellir nos vies nocturnes. À raison de 3 ou 4 compils par an, le label Night Time Stories laisse carte blanche à un artiste ou un groupe pour créer sa playlist, sur le thème – vous l’aurez deviné – de la nuit blanche.

Les Late Night Tales, ce sont donc des artistes qui nous présentent leurs petits trésors perso, ceux dont on garde jalousement le secret et qui, une fois regroupés, constituent le spectre de ce qu’on appelle communément “influences”. Et des influences qui savent parfois surprendre, comme les goûts étonnamment hip-hop de Matt Helders des Arctic Monkeys.

Depuis 2001 et la première compil présentée par le groupe Fila Brazillia, Late Night Tales a vu défiler des programmateurs aussi diverses que Four Tet, Air, Fatboy Slim, Nouvelle Vague, Midlake, MGMT, Trentemøller, Bonobo, Lindstrøm… Chacun nous présentant son approche de la toujours poétique nuit blanche et son infini des possibles. Un concept fort, que résume bien son slogan : “music and stories worth staying up for.” Bref, la messe de minuit façon mélomanes insomniaques.

Alors que certains artistes se réinventent en Père Castor et nous bordent tout en douceur avec des morceaux-berceuses, d’autres n’ont aucun scrupule à mettre un coup de fouet au beau milieu de leur playlist et opter pour un thème plus Fièvre du samedi soir que soirée au coin du feu.

En témoigne celle de Franz Ferdinand qui n’hésite pas à ressortir les classiques funk, celle de Jon Hopkins qui entrecoupe ses 45 minutes d’ambient avec des tracks techno, ou même celle de Belle & Sebastian – groupe pourtant peu farouche – qui cale au beau milieu d’une compil pop un gros son R&B 90’s : Ce’cile et son ‘Rude Bwoy Thug Life’.

Mais la plupart du temps, le Late Night Tales d’un artiste reste l’écho assez exact de ses influences et des sonorités qui inspirent sa musique. Preuve à l’appui :

Les Late Night Tales prennent aussi au sens propre leur rôle de “bedtime stories” puisque chaque playlist se termine par une histoire contée en spoken word. Les seules conditions que le label impose pour chaque compil’ sont donc une fin narrative faite par un invité de choix, mais aussi la reprise d’une chanson par l’artiste aux manettes. Exemple ici avec Four Tet qui reprend à sa sauce un Jimi Hendrix.

Fouiller parmi la quarantaine de Late Night Tales existante est une source intarissable de pépites qu’on conseille à n’importe qui cherchant à occuper une insomnie, quitte à la concrétiser en tombant dans l’addiction du scroll sans fin.

Dernière en date, la compilation de Nils Frahm qui sort aujourd’hui et qu’on ne peut que vous conseiller tant le concept semble parfaitement calibré pour le compositeur allemand. La tracklist annonce une sélection de morceaux alléchante et plutôt située dans le registre rêveur, de Miles Davis à Bibio en passant par Boards Of Canada. On vous laisse sur un avant-goût, sa reprise du pionnier John Cage filmée par Pitchfork :

Update : avis aux amateurs de vinyles, les Late Night Tales nous embarquent en Allemagne dans la demeure berlinoise de Nils Frahm, qui nous présente son impressionante collection perso :