Le rendez-vous est donné à l’extérieur de Toulouse, dans les studios du Quartier School Music. C’est là que Dadoo, ancien leader du groupe KDD prépare son retour en compagnie de Damien et Jeremy, les deux autres musiciens à l’origine de ce nouveau projet. Pour ceux qui ne connaissent pas Dadoo, c’est l’un des pionniers du rap. La plupart des titres qu’il a sorti avec son groupe KDD dans les années 90 font maintenant partie des classiques du rap français. Aujourd’hui plus discret qu’a l’époque, il n’a jamais vraiment arrêté de composer ou de produire et il revient aujourd’hui avec un tout nouveau projet : Dadoo and the Classics.

Tu as été très prolifique dans les années 90, pourquoi on a l’impression que tu as arrêté depuis quelques années ?

Dadoo : En fait, j’ai jamais vraiment arrêté dans la mesure où j’ai continué à écrire, composer et je suis toujours monté sur scène. En revanche, j’étais plus trop attiré par cet espèce d’automatisme à finir sur Skyrock avec la planète rap, et j’avais pas trop envie de me débattre entre Karris, Rhoff et ce genre de truc parce que je partage pas ce genre de valeur. Mais j’ai énormément de respect pour les bonhommes et pour leurs œuvres. Je me sens peut-être plus trop à ma place donc je suis un peu parti en expédition dans la nature.

Qu’est-ce qui t’a donné envie de revenir avec un projet comme celui-ci ?

Dadoo : J’ai toujours eu cette envie de partager la musique avec des musiciens, dans « musique » il y a « musiciens » ! Par contre, ces dernières années, j’ai rarement rencontré des personnes qui m’ont donné envie de le faire. Là, il s’avère que ça y est, je les ai trouvés, et en rencontrant Damien et Jeremy, c’est tombé un peu comme une évidence ! Ensuite, l’envie d’enregistrer est revenue à nouveau. Là, on va sortir un EP 5 titres avec l’envie de vraiment rencontrer un public sur scène et de leur présenter un show rap comme nous on le voit, très spectaculaire avec pas mal de danse, de la musique qui évolue et des dynamiques ici et là. Vraiment proposer quelque chose de nouveau.

Est-ce que ton public a changé ?

Dadoo : Je retrouve mon public et comme moi il a grandi et vieilli, on se parle toujours autant mais de manière différente. D’un autre côté, je découvre une nouvelle génération qui, elle, connaît tout le répertoire KDD et ce que j’ai pu faire en solo et à qui on propose une version alternative de ces morceaux. Le résultat est assez encourageant et positif.

Qu’est-ce que tu penses de la scène rap et hip hop toulousaine d’aujourd’hui ?

Dadoo : La scène toulousaine est ultra positive, elle est dynamique et plutôt pointue en terme de rap, de hip hop. On n’a pas beaucoup de groupes commerciaux, on a pas mal de gens avec une vraie culture de la musique hip hop notamment avec Big Flo et Oli, qui sont deux musiciens de surcroît, donc je suis assez fier de cette scène toulousaine.

Comment s’est passé la rencontre avec Dadoo ?

Damien : C’était un peu le fruit du hasard, on s’est rencontrés ici dans ces locaux où Dadoo m’a montré des nouvelles thématiques, des nouveaux lyrics et une petite maquette hyper intéressante. La relation amicale et musicale c’est beaucoup cristallisé autour d’un morceau qui fera parti de l’EP 5 Titres « Kilogrames » à paraître au début du printemps.

C’était ton univers le rap ?

Damien : On est tous les trois d’univers différents à la base. Jérémy est plutôt quelqu’un qui vient de l’univers du jazz, de la fusion. Moi j’ai un parcours de pianiste classique, j’ai même écrit de la musique de chambre pendant quelques années ! Mais quand j’étais au bahut, j’ai toujours écouté KRS – One et du rap comme A Tribe Called Quest, etc. On a tous un univers assez large, on peut écouter du rock comme du rap, mais c’est complétement mon univers musical. Le rap c’est bien, parce qu’on peut y exprimer pas mal d’influences et notamment autour des deux instruments que sont le piano, un instrument de référence dans le rap, et la batterie qui est non seulement l’extension acoustique de la boîte à rythme mais également l’instrument de prédilection des rappeurs et beatmakers dans le monde entier.

D’où vient le nom du groupe ?

Damien : Ça vient du fait qu’on s’inscrit avec des valeurs qui sont classiques, de la belle musique et en même temps dans une modernité et un design qu’on voit très peu, sachant que Dadoo a été un précurseur de beaucoup de choses, un rappeur mainstream mais toujours avant-garde. On défend un répertoire classique du rap français dans le sens où on va jouer des classiques de KDD ou de ses précédents albums solos. Et au delà de ça, il y’a aussi dans cette collaboration la notion de développer quelque chose qui dépasse le cadre de la musique et qui va du design graphique à la production d’images. On considère qu’aujourd’hui ce sont des extensions naturelles de l’expression musicale.

Dadoo & The Classics se produira en live le 26 février pour les curiosités du Bikini, en compagnie de Rejjie Snow, Georgio et Sianna !