Token Records, le label fondé en 2007 par Kr!z depuis Gent en Belgique, vient de livrer sa nouvelle cargaison. L’EP est signé Inigo Kennedy, mastodonte de la techno anglaise qui sort des disques depuis 1996 – dont une bonne part sous alias. Ce taulier de la scène électronique a aussi son propre label : Asymmetric, calibré depuis 1999 pour mettre sur le marché les propres productions de l’anglais.

Inigo Kennedy n’en est pas à son premier coup d’essai sur Token, dont il est presque l’un des membres fondateurs, le premier imprint du label étant en effet signé de ses mains. Fortement inspiré par la geste de Jeff Mills, « Identify Yourself » (TOKEN01) représente une techno bourrée de percussions entêtées et de différentes couches de mélodies déconstruites.

La techno qu’il nous livre ici avec « Clarion Call » (TOKEN058, son dernier EP) est d’une esthétique radicalement différente. Le producteur anglais prend le temps, avec le premier titre de l’EP, de dérouler une électronique faite pour les voyages songeurs au milieu de paysages apaisants. Constituées d’accords simples, les mélodies sont néanmoins travaillés par des variations sonores qui leur confèrent une certaine force.

Avec « Kepler », c’est une autre histoire et ce n’est plus au coeur que Kennedy s’adresse. Un kick bruyant, abrupt apparaît et donne la structure sur laquelle des mélodies intimes se développent en douceur – un équilibre de composition. « The Fold » est plus doux, même si les battements incessants – qui s’effacent presque dans un marécage de grésillements – confèrent une atmosphere légèrement angoissante au morceau. Restent les mélodies aériennes, omniprésentes et mélancoliques.

Le dernier titre de l’EP « Dusk » est un peu du même acabit, transportant l’auditeur dans un lieu inconfortable – la répétition oppressante de notes synthétiques stridentes y contribuant pour beaucoup. Bref, ce dernier EP de Kennedy sur Token Records navigue dans des eaux de différentes latitudes, entre techno rugueuse, songeuse et angoissante.

Victor Taranne