Dour Festival ça fait un moment que j’en entends parler, pas mal d’amis en sont déjà à leur 7ème édition alors forcément chaque année ils rentrent de Belgique des étoiles plein les yeux et ça donne à réfléchir. Je décide donc de partir avec eux.

J’entends déjà les puristes ricaner mais oui, la semaine dernière, j’ai fait mon premier Dour Festival en condition réelle… autrement dit bien loin du camping pro, de l’électricité et des toilettes propres.

La préparation

Question voyage on choisit l’option voiture au départ de Picardie “Tu vas voir il fait moins chaud là bas, ça va nous requinquer avant DOURREEEEEEUUUHHH” Ok, mais pourquoi il gueule lui ? Petite Peugeot 308 pouvant accueillir 4 personnes, ça tombe bien on est 5 sans compter les courses et des sacs de voyage. Pratique.

On fait un stop à Lille et au “plus gros décathlon d’Europe #swag” histoire d’avoir un réchaud, un bidon d’eau et des petites lumières qui clignotent rouge pour se retrouver dans la foule. 22h, bivouac dans le salon d’un pote qui se demande s’il prend un legging jean ou des collants verts fluo pour demain. “Demain les mecs, on vise le Parking 1 et le Camping B ! DOUUUREEUUUUUHHH”

J’acquiesce, mais ne comprend toujours pas pourquoi il gueule comme ça.

Le départ

On décolle à 9h pour faire “un peu moins d’1h” de route. Arrivés sur place, les bouchons commencent à la sortie de l’autoroute. 1h30 d’attente et quelques pauses pipi plus tard, on arrive finalement à la destination qu’on ne voulait pas : le Parking 2 et le Camping D. Les copains hurlent dans la voiture, ça fait exactement 46 min de marche et 3,5km jusqu’au site du festival, effectivement, c’est long. On se motive, on prend le strict nécessaire, et c’est parti pour la marche. 20 min plus tard ça commence à sentir la merde, 1 tonne et demi de purin déversé à l’entrée du festival : Bienvenue à Dour.

Dourcaca

T’as raison Didier, ça pue.

La foule n’avance pas, les gens se sentent mal, il ne fait pas si chaud mais ça boit déjà de la sangria dégueulasse et on ne reste jamais bien loin d’un petit tas de purin, histoire de ne pas oublier pourquoi on est là. Je récupère mon bracelet et on me suggère le camping réservé aux pros du festival. Petit coup d’œil derrière moi, 4 potes qui cherchent désespérément une salade saupiquet dégueulasse et du coca chaud au fond du sac. C’est décidé, cette année je fais Dour en mode survie. Sur mon bracelet : “DOUREUUUH!” – Je tiens une piste, je pense.

Bivouac installé après une petite pluie, “c’est mieux pour planter les sardines” me dit mon pote Glob. J’en sais rien, dans ma région il pleut jamais et puis le camping, c’est pas trop mon truc… On s’installe juste à coté d’un groupe de belges qui ne parlent pas français, bizarre. Ils ont une glacière, on troque des clopes contre des bières fraîches. ça j’aime.

On attaque l’apéro à la bagnole, la vodka est fraîche et on découvre un pack de 24 Kro’ oublié sous la pluie par nos contemporains belges. 24 pour 5 c’est parfait. Le soleil se couche et je sens une main qui se pose sur mon épaule, c’est presque poétique ce petit moment, j’ai un peu de mal à me dire que je suis dans le festival qu’on considère comme l’un des plus trashs d’Europe. Vaguement inspiré, mon pote me dit :

La nuit commence, Dour va pas tarder à se transformer, mettre son masque”.

En parlant de masque, et si on allait faire un petit tour devant SBTRKT ?

Le vif du sujet

Vu à Electron Festival, il y a quelques temps, la première chose qui me choque c’est la qualité du son, ça grésille, c’est dégueulasse. Merde. Un peu dubitatif je me dis que “c’était mieux avant”, en Suisse. Pour un festival comme ça et surtout sur la Last Arena – qui est ce qui se rapproche le plus d’une “grande scène” – c’est un peu dommage d’entendre des couacs sonores.

Puis SBTRKT monte en gamme, le beat s’accélère, la lumière se cale, enfin. Je me rends compte que l’alchimie est plus forte quand il joue en extérieur, je n’arrive pas à expliquer pourquoi à cet instant précis. SBTRKT c’est ce son qui sort des tripes et la voix ronde et grave de Sampha résonne parfaitement dans ce ciel nocturne.

dour sbtrkt live sampha

On se laisse porter par les couacs précédents qui, finalement, ne sont pas si désagréables et apportent même un coté “arraché” aux mélodies forestières d’Aaron Jerome qui envoûte et enlace les quelques milliers de personnes présentes dès le premier soir. Mon seul regret à ce moment là, est de ne pas avoir vu d’aurore boréale au dessus de Last Arena.

On me dit que c’est la première fois que le mercredi est la première journée officielle du festival, avec une prog qui fait venir du monde. C’est vrai qu’on est pas mal, je commence à me rendre compte peu à peu de l’immensité du lieu. Pendant que sur scène se joue “Higher”, je scrute, j’observe, le flow de Raury rythme mes regards, au loin de gros sky-tracers :

“Et ça c’est quoi ?

– Tu verras demain.. ”

L’enchaînement est presque trop brutal avec 2 Many Dj’s. Eux aussi déjà vu dans un petit festival à coté de Lyon, il avait plu, de la boue, c’était pas très cool. 2Many je suis fan depuis que j’ai 16 ans – et je là je me rends compte que c’était pas hier – avec les As Heard on Radio Soulwax qui sont tous parfaitement rangés sur mon étagère. Aujourd’hui, quand je dis ça on se fout de ma gueule, c’est comme si j’avouais un peu mon guilty pleasure. Les gens oublient trop facilement que les 2 tontons du mix ont fait beaucoup pour la musique électronique actuelle et surtout en Belgique.

dour festival 2 many djs live

“Oui mais tu vois, ça mixe du Edbanger etc”

Justement c’est ça que j’ai toujours aimé chez eux : cette capacité à passer de Michael Jackson à Metallica avec juste 2 potards. Le DJ set peut être un art et eux ils le font bien.

Ils sont classes, comme toujours, mais c’est trop techno pour eux, même si j’adore la techno (c’est pas la question) j’ai le sentiment que ça ne colle pas vraiment avec leur identité. Où sont les surprises ? Où sont les quenouilles de la musique ? Où sont les dieux du DJset-mashup ?  Ça marche bien pour le premier soir de Dour, mais merde, je suis déçu.

Puis avant la fin, comme si Pipo et Mario venaient de se rendre compte qu’ils avaient oublié un truc, le set dérape. MGMT, Vitalic, reggae. Ça gueule un peu dans la fosse, forcément après presque 1h de techno crados dans les oreilles finir sur une touche pop-electronico-reggae c’est dérangeant. Mais moi ça me plaît quand on ose. C’est peut-être la première et dernière soirée de Dour qui se terminera avec la Musique de Jah, finalement.

 Demain est un autre Dour

dour festival belgique

Il est 2h, le site ferme déjà. On me dit que demain ça ne sera pas la même, et que demain ici c’est la fête jusqu’à 4h. Beaucoup de monde sur le chemin du camping D. C’est l’euphorie et certains m’annoncent “qu’on a de la chance, parce que tout au bout, DJ Redbull est là pour assurer l’after toute la nuit et jusqu’à demain midi”. DJ Red Bull c’est un mec qui mixe de la House, j’adore la House, mais j’ai presque honte de le dire devant ces festivaliers fan de techno-trash-hardtek, alors je me tais et j’avance. Une fois arrivé, pas de Dj Red Bull au final (enfin pas encore), mais plutôt le bar du camping qui balance sa tracklist du moment. “Ça c’est cool !” me dis-je. Quelques bons tubes qu’on écoute en soirée avec les copains, Daniel Avery, Factory Floor, Two Fingers, David Guetta.

Article écrit par Jean Fromageau