Samedi dernier, nous avons fait un détour, ou plutôt un aller-retour, jusqu’à Cachan, pour enquêter sur cette mystérieuse soirée Mangrove.

Un tout petit” événement sur le réseau social bleu nuit, quelques préventes, puis un “complet” une semaine avant la date, ainsi qu’une affiche fleurie et feuillue ont attisé notre curiosité de fêtards à la recherche de nouvelles sensations.

On connaissait Cachan depuis une Otto10 de l’année dernière, et, à force de parcourir la banlieue pour suivre les collectifs qui s’y rendent en nombre, à coup de “lieu secret”, “lieu inédit”, ou “lieu avec un nouveau nom mais qu’on connait déjà”, nous avons trouvé celui-ci facilement, caché derrière une porte cochère en bois brut.

Pour dégotter la perle rare, les explorateurs de jungle ont tout simplement tapé dans la barre de recherche du bon coin : “lieu+faire+la+fête”. Et pour FAIRE la fête, ils ont simplement suivi leur intuition, sur les pas de leurs modèles alter-panamien et otto-dixien, qui ne montent pas assez de fêtes pour satisfaire leur appétit de rires et de chants.

A l’intérieur, dansent et bougent dans un grand jardin une foule bigarrée de jeunes premiers, au son de percussions, puis de violon irlandais. Parait-il que c’est du forro, du choro, cotonou, chico trujilo, bref des musiques colorées. C’est joyeux et bancal, dansant et improvisé, on adore.

la mangrove musiques colorées

Sur les murs sont peintes des fresques tropicales, cadeau pour le mur gris du lieu d’accueil. Sous une mini-canopée, un mini-bar “clandestin” à shot de tequila, ah non, de mescal de premier choix – non ça n’est pas un opacié. Sur la droite, un bar classique de type “paillote des îles”, où sont servis des boissons à prix doux, et une bière parisienne.

L’affiche annonçait deux scènes, nous continuons donc notre exploration jusqu’au studio “de danse”, véritable usage de l’endroit. Sur ce “plateau”, les noms nous sont plus familiers: les organisateurs de la DROM, Sandro de D.KO, D°C de forecast, et un live intéressant de Opir Onsaranj … Cependant, la techno ne semble pas prendre face au soleil qui chauffe les épaules dénudées des jeunes filles en fleur. On essaie quelques pas de danse aux côté d’un type qui essaie de breaker en pleine après-midi, puis on termine la visite de l’endroit.

Cachan lieu secret - Paris

Au vestiaire – gratuit, une fontaine de chocolat avec des fruits et bonbons sont à disposition. Bon, personne ne semble savoir se servir de la fontaine. Mais il y a du chocolat. Et des bonbons. Enfin, une yourte en bambou est plantée au fond du jardin, et sur les coussins, des rescapés d’Altamont chantent a capella et tapent dans leurs mains.

Nous quittons la fête à la tombée du jour. Ici, point de rangées de mâchoires serrées agglutinées devant le DJ ni de cris bestiaux – “alleeeeeeez-là!” – simplement quelques jolis sourires et échanges de bons procédés – tu me masses pendant que je roule ?

la mangrove

Les organisateurs, une troupe de onze personnes d’horizons multiples – conseil, agronomie, musicologie, audiovisuel, architecture, bref un groupe d’amis – semblent heureux. Ils se disent qu’il y aurait pu avoir cent personnes de plus, ça aurait été mieux, mais ils ont été prévoyants. Ils prévoient, justement, une seconde fête, un peu plus grande, un peu plus belle, “fin septembre”. Pour permettre plus de rencontres, un peu difficiles cette fois-ci au milieu des quelques “bandes de potes”. Avec du live, toujours, parce que “l’énergie apportée par des musiciens est très différente de ce qu’un dj peut faire passer”. Mais pas de pression, car, comme leurs grands frères, ils préfèrent organiser des fêtes pour le plaisir et ne même pas rêver d’en vivre.

Photos collectif Mangrove