Shane Blanchard, autrement connu sous le pseudonyme de Bane’s World, appartient à la vaste confrérie des musiciens de chambre. Au sens moderne du terme : un multi-instrumentiste qui compose, enregistre et réalise ses morceaux seul, avec ses propres moyens. Navigant entre des styles aussi variés que Mac DeMarco et les plus grands standards du blues, le jeune américain s’est lancé le défi de concilier les plus grands sur son premier album Drowsy.

Une autre singularité de cet album réside dans le fait qu’aucun de ses neufs titres n’excède les trois minutes – mais suffisent à se faire une idée du talent de Bane’s World. Et si sa fascination pour Mac DeMarco lui a plus que certainement donné le goût pour les arrangements DIY et les les guitares blindées d’effets de première gamme bricolés, le californien ne s’arrête pas là. Sa plus grande qualité est de se poser en successeur de DeMarco, sans pour autant se transformer en copie conforme du maestro canadien. Ce qui est loin d’être aisé de nos jours.

 

Harmonies blues, arrangements world et quelques symphonies rockabilly s’invitent dans le paysage de l’album. Surplombant le tout, une voix mélancolique et mielleuse, aussi douce que les mélodies de guitares aquatiques. Ces neuf titres ne manquent ni de coloration, ni de fluidité. Seul arrangeur à bord, aucune lourdeur n’est à signaler lors de l’écoute de l’album qui, il est vrai, se fait d’autant plus facilement que les pistes sont courtes.

Pour autant, loin d’être indigent, le premier projet de Bane’s World tient plutôt bien la route. Il impressionne même par sa maturité – rappelons que le garçon, qui se décrit comme geeky, n’a que 20 ans. Pour peu, il s’approcherait presque de l’album concept. Véritable ovni, sorti dans un anonymat total, Drowsy a pourtant tout pour plaire. Et, pourquoi pas, devenir un incontournable.