Et si les smartphones aspiraient notre personnalité ? Et si cet écran aussi grand que notre main nous engloutissait dans un gouffre d’information et de réseaux sociaux virtuels ? “Sur-fake“, une série de photographies signée par l’oeil aguerri de Antoine Geiger dénonce la dépendance envers les écrans, smartphones et tablettes. Selfies dans le métro, sur un vélo, dans la rue et même devant la Joconde… aucune situation n’est exclue pour se tirer le portrait.

Ces photos ont généralement une durée de vie de quelques secondes seulement. Postées sur Snapchat ou sur d’autres réseaux, elle seront bientôt enfouies sous une ribambelle de nouveaux clichés. Antoine Geiger montre par cette série de photographies le reflet de cette société que l’on ne regarde plus car nos yeux restent rivés sur nos écrans. “Sur-fake”, sur-faux, surface, surfait.

Les smartphones nous aspirent, effacent notre visage, notre personnalité. Nous nous exilons dans la sphère du web, cette toile infinie où le nombre de données dépasse l’entendement. Nous en oublions même le monde qui nous entoure, les personnes qui marchent à côté de nous.

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Combien de personnes se parlent dans la rue, dans les transports, dans les espaces publics ? Pourtant la vie sociale existe en dehors des réseaux, il suffit de lever la tête. Nous avons peur de l’inconnu, mais nous le bravons tous les jours en discutant avec des “amis” que l’on connait à peu près aussi bien que notre voisin de palier.

Pire encore, on a besoin d’une application pour parler aux personnes que l’on croise, et que l’on aurait loupées, bien qu’elles soient séduisantes. Cette application a bien compris que nous ne faisons plus l’effort de nous retourner sur quelqu’un qui nous intrigue, d’aborder, de discuter avec ceux que nous croisons et qui nous interpellent. La société devient molle et lente, à l’image de la marche ralentie d’une personne qui regarde son téléphone dans la rue.

Lorsque qu’un inconnu nous parle, c’est comme un affront, une attaque à main armée. Nous avons perdu l’habitude de ces échanges cordiaux de société. Il a été prouvé qu’une personne ayant une vie sociale élevée vit plus longtemps. Les échanges humains sont donc sources de vie, c’est certifié scientifiquement. Va-t-on laisser les écrans nous effacer, implanter ces barrières technologiques devant nos visages, comme un mur impénétrable ? C’est bien là la question d’Antoine Geiger à travers ces clichés du quotidien parisien : et si on levait la tête ?