Souvenez-vous, le mois dernier on vous avait chuchoté le nom d’un petit paradis perdu au milieu de la campagne française. Un festival certes, mais surtout une oasis de bien-être où se mêlent piscine, grosse techno de pointe et arbres centenaires : le Monticule festival. Excités que nous étions par un tel projet, nous avons même osé les comparer à Hog Hog festival, qui ne verra malheureusement pas le jour cette année.

Nous portons le deuil, mais l’espoir revient à la belle saison grâce à ce nouveau projet. Venu tout droit de l’autre côté du Rhin, le Monticule installera son campement du 18 au 21 Juin dans nos campagnes pour y faire résonner sa techno berlinoise. Eric Schönemeier, l’un des sept fondateurs du Monticule Festival a accepté de nous en dire un peu plus long sur ce beau projet, tout en dissertant autour de la pizza et des différences entre Allemagne et France en matière de gestion de projet.

Bonjour Eric, tu es l’un des fondateurs du Monticule Festival. Peux-tu nous présenter ta dream team ? Et nous en dire un peu plus sur ton projet, d’où vient-il ?

Bonjour Manon !

Nous sommes une équipe de 7 fondateurs et sommes soutenus par un grand groupe d’amis. Sans eux, ce festival ne serait pas ce qu’il est aujourd’hui.

Même si nous sommes jeunes, du haut de nos 25 piges, chacun d’entre nous travaille dans l’évènementiel depuis pas mal de temps. De mon côté par exemple, j’ai bossé dans le collectif munichois de musique et d’art Downstairs.Art pendant 4 ans et j’ai aussi organisé des évènements un peu partout dans la ville. En fait, le Monticule c’est un projet créé par des potes issus du même coin, qui s’associent pour la première fois autour d’un gros projet. On s’est d’ailleurs beaucoup inspiré du Kong qui est – à mes yeux – un des clubs les plus pointus de Munich niveau électro.

On a envie de créer quelque chose d’unique avec un concept intéressant, diversifié. Chanceux comme on est, on a trouvé un endroit incroyable pour le faire.

Vous avez mis en place un projet de A à Z et maintenant vous êtes sur le point de lui faire prendre vie. Comment voyez-vous votre projet et sa réalisation depuis le début jusqu’à l’ouverture du festival ? Avez-vous rencontré des difficultés à un moment ou un autre de sa conception?

Comme c’est notre tout premier festival, on a l’impression de vivre enfin la grande aventure qui nous trottait en tête depuis un bout de temps. Et tu as raison, on est parti d’un bouillonnement d’idées informes et c’est devenu de plus en plus physique, ça a pris forme au fil des semaines. Bien sûr, on a rencontré des difficultés, mais on est un peu des maîtres zen de la procrastination. Non, en vrai, on est les Tortues Ninja de la gestion d’event, tout est une question de pizza.

Pourquoi avez-vous choisi de vous installer dans un coin vert mais reculé de la France ? Est-ce que l’atmosphère, l’endroit où prend place le festival est un élément important pour vous ?

Oui, en fait, on a cherché un coin pendant plus de deux ans et le Domaine de Gayfié est un peu un don du ciel. On avait vraiment nos exigences et c’était l’endroit parfait pour installer notre festival. Et puis en plus, on adore la France. Ça va être une sacrée fête et on veut que les gens nous rejoignent. Ça peut sembler un peu romantique, mais on a choisi ce spot à cause de sa virginité, on pense que les visiteurs ne devraient pas savoir à quoi s’attendre avant d’y être. On a aussi décidé de fixer la jauge à 1000 personnes pour créer une atmosphère familiale et préserver l’environnement autour du Monticule.

Le line-up est très électronique et pour une première édition, il y a des sacrées têtes d’affiches (Ame, Ben UFO, Zenker Brothers..). Déjà, félicitations pour cette belle programmation et ensuite : qu’est-ce qui a motivé des pointures pareilles à jouer dans votre festival ?

On a rencontré pas mal d’entre eux avant, pendant certaines de nos soirées, et on essayait à chaque fois de créer un environnement familier pour chacun. Ce qui n’est pas vraiment le cas dans le monde de l’évènementiel, en général. D’ailleurs, preuve que ça fonctionne, la plupart de nos artistes vont rester après leurs sets pour traîner et profiter des lieux. Le Monticule est supposé les emmener en voyage dans un coin tellement agréable qu’on a plus envie de le quitter, du coup nos têtes d’affiches ont, un peu comme nous, vraiment hâte de vivre cette expérience spéciale.

Parlons plus sérieusement, tu savais que plus d’une centaine de festivals ont été annulés en France cette année par manque de moyens. Qu’est-ce que tu penses de cette situation, toi qui justement installe ton festival chez nous ?

Chaque festival annulé par manque de financement est une honte, même si nous de notre côté on n’est pas financé du tout. Ceci étant dit, les gouvernements devraient vraiment débloquer plus de fonds pour les festivals, encore plus si ça leur évite d’être financés par des entreprises gigantesques et immorales.

En ce moment, il y a beaucoup de changements en cours dans l’industrie musicale, mais je ne pense pas que les gens vont arrêter d’aimer la musique pour autant. En fait, je pense que les gens n’ont jamais autant aimé la bonne musique qu’aujourd’hui. On compte sur leurs goûts et on espère qu’ils apprécieront le Monticule.

Est-ce que vous rencontrez les mêmes difficultés à faire aboutir des projets de l’autre côté du Rhin ?

C’est la même chose et en même temps, ça reste différent. A chaque nouveau projet, tu te confrontes à de nouvelles épreuves. Mais une fois que tu as appris à les reconnaitre, ce n’est plus qu’une question de temps et d’effort avant de les surmonter. L’herbe n’est pas toujours plus verte ailleurs et en matière de gestion de projet, j’ai l’impression que la France et l’Allemagne restent assez proches.

Mais à ton avis, est-ce qu’il y a des astuces et des pièges à éviter pour monter un festival viable en ces temps de crise ?

Pour nous, avec l’idée de monter un festival vient une espèce de philosophie du collectif. Cette manière de penser se base sur le fait de respecter l’environnement, l’échange entre les cultures et le réinvestissement perpétuel de nos gains. Selon nous, il n’est pas possible de renverser le système capitaliste alors à la place, les entreprises devraient réinvestir ce qu’elles gagnent pour faire circuler l’argent et pouvoir ainsi supporter la société, prendre ses responsabilités et avoir une idéologie politique plus communautariste.

Comme on l’a vu en Europe, niveau partage des ressources, on peut difficilement compter sur la démocratie et le système en place.

Pour conclure sur une note un peu plus optimiste, qu’est-ce que tu attends de cette première édition ?

Si je me base sur mon expérience, je pense qu’il est préférable que je ne m’attende à rien du tout . Mais hé, c’est notre édition pilote, tous nos potes seront là, les températures seront comprises entre 25 et 35 degrés et pendant quatre jours on sera planqués au paradis. Donc, Tiki sera en train de boire un coup au bar et d’écouter Ame depuis la piscine. D’autres questions ?

Non ça sera tout !

Merci à Eric Schönemeier pour ses réponses et ses phrases habillement tournées. On espère vous retrouver nombreux au Monticule Festival ! Et pour plus d’infos, rendez-vous sur le site officiel, maintenant traduit en français.

Tarifs et accès

Ticket festival + camping 135€
Ticket bus au départ de München (Allemagne) 90€

Lieu : St. Jean-de-Laur, Domaine de Gayfié